Vous avez brutalisé un pays tout entier durant des mois en proposant une réforme des retraites injuste et injustifiée.
En bafouant le Parlement, en méprisant les organisations syndicales, en réprimant les manifestants, vous avez fait le choix politique de condamner les Français à deux ans ferme.
Votre réforme des retraites fera basculer 100 000 personnes de plus au RSA et plusieurs milliers de travailleurs supplémentaires en situation d'invalidité.
Notre pays a compté 400 000 pauvres supplémentaires après le premier quinquennat mais, après avoir réalisé 7 milliards d'économies sur le dos des chômeurs en réduisant la durée des droits à l'assurance chômage, vous poursuivez votre répression à l'encontre des plus pauvres.
Alors qu'en France les 500 familles les plus riches possèdent la moitié des richesses de notre pays et que les entreprises du CAC40 engrangent des bénéfices records, les 11 millions de pauvres se privent et font la queue par milliers aux Restos du cœur.
Votre texte vise à faire la chasse aux chômeurs et aux bénéficiaires du RSA, qui se verront imposer quinze heures d'activité chaque semaine. L'objectif sous-jacent est clair : multiplier les sanctions et les radiations pour réaliser des économies sur le budget de l'État. Mais on ne fait pas d'économies sur le dos des misérables ! Les bénéficiaires du RSA doivent déjà survivre avec 600 euros par mois. Les obliger à travailler quinze heures par semaine, c'est les contraindre à travailler pour 7 euros de l'heure, c'est ouvrir la porte au travail gratuit !
Tous les salariés du pays entendent votre message : désormais, ils seront en concurrence avec des personnes forcées de travailler pour moins de 600 euros par mois.
Sans même attendre les résultats de votre expérimentation, vous prenez le risque de pénaliser des millions de familles : rendez-vous raté à Pôle emploi, plus de RSA ; refus d'effectuer quinze heures d'intérim hebdomadaires, plus de RSA ; panne de wifi rendant impossible de se connecter pour un rendez-vous en visioconférence, plus de RSA ! Par cette brutalisation, vous allez sanctionner des familles entières, notamment des familles monoparentales. Comment suivre en effet 15 heures de formation quand on est une mère seule avec des enfants à charge ?
Avoir faim, vivre avec la peur du lendemain n'a jamais permis d'obtenir un travail et encore moins d'atteindre le plein emploi ! Chaque année, le chômage tue directement 14 000 personnes en France. Personne n'est au chômage par plaisir. Si les gens sont au RSA, c'est parce qu'ils n'ont pas le choix.
Il y a une pénurie d'emplois en France. En 2022, vous promettiez 3 millions d'embauches, or seuls 300 000 emplois ont été créés dans le secteur privé. Vous annonciez en grande pompe que le nombre de chômeurs était de 2,2 millions mais, en réalité, 7,5 millions de personnes sont sans emploi. Pôle emploi propose 1,6 million d'offres d'emploi alors que les travailleurs inscrits sur cette plateforme sont six fois plus nombreux. Il ne sert à rien de contraindre les personnes privées d'emploi alors que c'est l'offre d'emploi qui est insuffisante.
Pour ne rien arranger, votre projet de loi prévoit également de poursuivre la privatisation du service public de l'emploi. Après le scandale d'Orpea et les révélations chocs concernant la privatisation des Ehpad et des crèches, vous poursuivez la casse du service public. Compte tenu de l'absence de moyens supplémentaires et du flou de son architecture, votre réforme va provoquer des souffrances des deux côtés du guichet.
Parce qu'un autre service public de l'emploi est possible, il est urgent de refonder un Pôle emploi humain pour les personnes privées d'emploi comme pour les agents.
Pour créer des emplois décents, accessibles et proches, il est nécessaire de rétablir une assurance chômage protectrice et de créer une garantie d'emploi pour les chômeurs de longue durée.