Je suis très heureux de vous retrouver en ce début de session extraordinaire pour vous présenter le projet de loi pour le plein emploi. Vous le savez, c'est l'objectif majeur que les gouvernements successifs et notre majorité ont visé depuis 2017, sous l'autorité du Président de la République. En effet, nous sommes convaincus que, loin de se réduire à un résultat statistique du marché du travail, cet objectif recouvre en réalité un projet collectif : celui d'une société plus productive, et donc plus riche et plus souveraine, mais aussi celui d'une société qui donne une place à chacun. Car nous l'affirmons : l'accès à l'emploi est le meilleur moyen, l'outil le plus efficace, pour lutter contre la pauvreté et pour donner ou restaurer l'autonomie et la dignité, et donc l'émancipation.
Il y a encore quelques années, parler de plein emploi aurait suscité au mieux des moues dubitatives, au pire des sarcasmes, tant nous nous étions habitués à vivre avec le chômage de masse. L'État, disait-on, avait fait tout ce qu'il pouvait. La puissance publique était dans l'impasse et une forme de fatalisme collectif nous avait saisis, conférant au plein emploi le rang d'une utopie à l'horizon sans cesse repoussé.
Ce fatalisme mortifère explique largement notre décrochage productif après des décennies de résignation : notre taux d'emploi reste de plus de 10 points inférieur à celui de la moyenne européenne ; notre produit intérieur brut par habitant est de 15 à 20 % inférieur à ceux de l'Allemagne et du Danemark. Revenir au niveau de ces pays, rarement considérés comme des îlots ultralibéraux ou des lieux de servitude, permettrait à nos finances publiques de bénéficier de recettes telles que l'idée même de déficit serait rendue obsolète !
C'est pour faire mentir le fatalisme français que nous agissons depuis 2017. Vous le savez, nous avons fait une partie du chemin au cours des six dernières années puisque le taux de chômage est passé de 9,5 % à 7,1 %, atteignant ainsi son niveau le plus bas depuis quarante ans. Le taux d'emploi et le taux d'activité sont au plus haut depuis que l'Insee a commencé à les mesurer en 1975.