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Intervention de Bertrand Caltagirone

Réunion du lundi 26 juin 2023 à 18h00
Commission d'enquête sur la structuration, le financement, les moyens et les modalités d'action des groupuscules auteurs de violences à l'occasion des manifestations et rassemblements intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023, ainsi que sur le déroulement de ces manifestations et rassemblements

Bertrand Caltagirone, collectif Dernière Rénovation :

Je ne comprends pas, dans votre question relative aux blocages de circulation, la différence entre légal et légitime. Nos actions de blocage existent depuis longtemps et d'autres mouvements les ont pratiquées avant nous. Plus généralement, d'autres organisations recourent aux blocages, comme les syndicats depuis le début de l'ère industrielle. Fut un temps où c'était illégal de le faire, et même illégal de se syndiquer, d'organiser des grèves et des blocages. Puis ces droits ont été progressivement acquis. Aujourd'hui, nos actions sortent effectivement de la légalité et aucun dispositif légal ne permet d'en reconnaître la légitimité, à la différence de ce qui existe par exemple pour les lanceurs d'alerte. Voilà dix ans, ils n'étaient pas autorisés à pratiquer leurs actions. Ils sont aujourd'hui protégés par le droit.

Pour ce qui est des Soulèvements de la Terre, nous sommes, d'une manière générale, solidaires de l'ensemble des mouvements qui manifestent de manière non violente au sens du droit français, c'est-à-dire non violente à l'égard des personnes. Nous sommes solidaires de toutes les personnes qui, d'une manière ou d'une autre, engagent des luttes pour préserver le vivant. Les actions de dégradation ne sont pas celles que nous avons choisies et il n'y a donc pas lieu de nous assimiler à ce mouvement. Mais, de fait, nous partageons une même volonté de préserver le vivant.

S'agissant des élites politiques et économiques, on ne peut plus dire qu'elles ignorent la situation. Voilà trente, quarante ou cinquante ans, une grande partie de la population n'était pas sensibilisée à ces questions. Elle n'avait pas lu les rapports du Giec ou étudié la littérature scientifique sur le réchauffement climatique. On pouvait prétendre alors que les élites politiques et économiques faisaient tourner un système sans connaissance de cause. Du moins pouvait-on leur accorder le bénéfice du doute, même si on s'est rendu compte, par exemple, que Total a sciemment caché, voilà plus de quarante ans, des études scientifiques démontrant que son activité était néfaste pour le climat. Aujourd'hui, on ne peut pas se cacher derrière son ignorance. Chacun a lu au moins des articles résumant les propos du Giec. Les élites au pouvoir savent ce qu'elles font. Elles connaissent les conséquences du maintien du système sur lequel repose notre société.

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