Je pourrais donner de nombreux exemples. Lorsque nous sommes venus devant l'Assemblée nationale, en novembre dernier, défendre le vote exprimé par les députés dans cet hémicycle, une policière a dit qu'il n'y aurait pas besoin de sommations puisque nous savions que ce que nous faisions était illégal. Nous avons également fait l'objet de plusieurs tentatives d'intimidation pour des actions légales, comme le rassemblement tenu tout à l'heure : devoir emprunter huit rues et négocier avec un policier pour nous rendre à la convocation d'une commission parlementaire me semble un abus. De même, alors que j'étais en garde à vue pour l'action menée sur les Champs-Élysées, on a menacé de me casser le bras sans autre raison que ma participation à cet évènement non violent. J'ai vu aussi beaucoup de choses en garde à vue, dont nous pourrions témoigner longtemps. Pour ce qui est de la répression, j'ai déjà dit clairement qu'elle ne fera pas baisser la détermination, en tout cas pas au niveau d'un mouvement. Je vois au contraire qu'elle suscite une révolte encore plus grande en rendant visible une injustice jusqu'à présent masquée.
Malgré le caractère grave de nos propos, je sens beaucoup de décontraction dans cette salle alors que le réchauffement climatique est une énorme injustice, tant géographique que liée à l'âge. Elle rend visible une violence déjà présente. Quelles sont les autres issues possibles ? Que le réchauffement climatique s'arrête, auquel cas nous n'aurions plus de raison de nous mobiliser ? Ce n'est pas ce que prépare l'inaction politique actuelle. Que nous décidions que nous n'avons plus envie de vivre et que nous nous résignions ? Je ne pense pas que ce soit dans la nature humaine, et ce n'est assurément pas ce que j'observe autour de moi.