Selon vous, nos actions relèveraient d'une « certaine forme de violence ». Mais le droit pénal est clair : une action est qualifiée de violence lorsqu'elle s'exerce envers des personnes, pas sur des biens. Je tiens à insister sur le fait qu'aucun parquet n'a jamais requis la qualification de violence à l'encontre de nos actions. J'ignore ce qu'est « une certaine forme de violence ». Cette qualification est nulle et non avenue.
Vous demandez également ce qui justifierait que nous proclamions être dans le camp du bien. La question est intéressante car, dans l'absolu et dans une perspective relativiste, on pourrait se demander pourquoi, si nous commettons des actions illégales au nom de ce que nous défendons, d'autres groupes ne pourraient pas en faire autant pour défendre des causes différentes. La réponse est claire : nous nous fondons sur un consensus scientifique, c'est-à-dire sur la meilleure manière d'obtenir des connaissances, de savoir ce qui est à peu près vrai. Certes, en tant qu'êtres humains, nous nageons dans l'incertitude, le doute, les opinions et les convictions diverses. Mais la connaissance scientifique est la chose la plus solide dont nous disposions pour avoir un minimum de certitudes et avancer dans la bonne direction. Nous ne prétendons donc pas être dans le camp du bien. Nous nous référons à un consensus scientifique clair selon lequel certains pays deviendront inhabitables à l'horizon de dix, vingt ou trente ans et des milliards de personnes seront sur les routes à cause du changement climatique, qui menace aussi notre biodiversité et notre agriculture. Nos conditions d'existence sont en péril. Il ne s'agit donc pas d'être ou non dans le camp du bien, mais de savoir ce qui est vrai et juste.
Quant à savoir si nos actions contribuent à l'escalade de la violence, nous avons déjà répondu que ce qui contribue à l'escalade de la violence, c'est l'indifférence des pouvoirs publics, le fait que les élites économiques refusent les mesures nécessaires pour restreindre la folie du système économique et le sentiment d'impuissance de tous les jeunes qui n'ont plus aucun moyen de défendre leur vie et leur avenir.