Vous avez parlé de violence pour désigner des atteintes aux biens. Mais le droit pénal fait une distinction entre la dégradation et la violence, qui est exclusivement tournée vers les personnes. On parle de violence lorsqu'on s'en prend aux personnes et nous ne la légitimons en aucun cas.
Lorsque, face à une situation de crise ou d'urgence, les institutions sont bloquées ou incapables de protéger le bien commun et l'intérêt national, ce qui est pourtant la mission première des représentants du peuple, il paraît légitime de se demander ce que l'on peut faire. Mais poser cette question ne signifie pas que tout est permis et que nous faisons n'importe quoi. Ce n'est pas parce que nous sortons du cadre de la légalité que nous sortons de celui de l'éthique. Au contraire : nous nous interrogeons sur ce qui est juste. Nous nous posons des limites morales très claires. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous utilisons des tactiques non violentes. Mais, comme Pierre Taïeb l'a rappelé, avec un réchauffement qui s'accélère, une tension sociale croissante, un désespoir profond chez des jeunes et des moins jeunes qui se sentent impuissants face à une situation qui menace leur vie et celle de leurs proches, le risque est que les actions de contestation se radicalisent et deviennent violentes. Je ne dis pas que c'est légitime. Je dis que cela obéit à une certaine logique. Ce n'est clairement pas ce que nous souhaitons. Ce que nous souhaitons, c'est que nos actions enclenchent des changements de société d'ampleur, qui nous permettent de nous maintenir dans une société qui respecte les limites planétaires. C'est tout.