Nous demandons des choses concrètes, à commencer par l'application des mesures de la Convention citoyenne pour le climat concernant la rénovation énergétique des bâtiments. Il s'agit d'un plan à la hauteur de l'urgence, expertisé, qui mise sur la capacité des institutions à respecter leur mission première : œuvrer pour l'intérêt général. Engager un tel plan de rénovation représenterait un triple bénéfice en diminuant la dépendance énergétique de la France, en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre et, enfin, en permettant aux 12 millions de personnes qui vivent dans la précarité énergétique de s'en sortir car, été comme hiver, cette forme de précarité fait chaque année des milliers de victimes dans la plus grande indifférence.
Nous avons adressé un premier ultimatum à l'Élysée en mars 2022, constatant l'inefficacité des politiques publiques. Nous n'avons pas été entendus. En conséquence, nous avons mené trois vagues d'actions successives. Elles ont replacé l'urgence climatique au cœur du débat, mobilisé des centaines de personnes et, en novembre 2022, une hausse considérable du budget alloué aux politiques de rénovation a été votée par les députés. Malgré cela, le Gouvernement a écarté ce résultat en recourant à l'article 49, alinéa 3, de la Constitution pour se limiter à de très timides réformes. Pour cette raison, nous continuons nos actions et nous assumons nos responsabilités face à l'histoire, là où ce même gouvernement les esquive.
D'une manière générale, l'action politique est indigente. L'État a été condamné par les tribunaux administratifs parce qu'il ne fait pas assez d'efforts pour réduire les émissions de CO2. Le secrétaire général de l'ONU lui-même a qualifié de pitoyable la réponse des États face au réchauffement climatique. Cette indifférence pour nos vies et ce choix des profits immédiats constituent un crime de masse. Si rien ne change, il faut s'attendre au pire. Chaque degré de réchauffement global implique une hausse de plus de 10 % des conflits armés. La trajectoire actuelle condamne des régions où vivent des milliards d'êtres humains à devenir inhabitables. Aucun d'entre nous ne sera épargné. Le déni, le cynisme ne protégera personne.
Et pourtant, nous voici devant une commission d'enquête qui se trompe de combat et de coupables. Les plus grands scientifiques pointent du doigt l'effondrement de nos conditions d'existence. Pendant ce temps, certains députés s'acharnent sur les citoyens qui défendent la vie sans violence. Ils prennent bien soin de ne pas cibler les groupuscules d'extrême droite, qui sévissent par tabassages et agressions dans le pays, attisant la haine quand on aurait plus que jamais besoin de solidarité. Les décisions de la classe politique, depuis des dizaines d'années, ont placé toutes les générations actuelles dans ce que la justice appelle un état de nécessité, un état dans lequel le danger est si grand qu'on est obligé de transgresser des lois pour y faire face. Comme le dit le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l'environnement, et j'espère que vous aurez l'honnêteté d'en convenir, certaines actions illégales sont parfois légitimes.
Non seulement nos actions sont légitimes, mais les choix politiques les ont rendues indispensables. Tous les recours qui existaient pour se faire entendre ont été ignorés et méprisés. Par là même, c'est notre droit à la vie qui a été méprisé.