Je n'ai jamais été un grand spécialiste de ces questions, en dépit des responsabilités que j'ai exercées, et le suis moins encore aujourd'hui, ayant cessé de m'y intéresser de près. Même si je suis l'actualité économique d'une façon générale, je ne puis prétendre avoir une opinion spécialement pertinente sur le point que vous soulevez.
Ce que je puis dire, c'est que, du côté des entreprises, le paysage a changé. L'obligation de présenter un bilan carbone change tout. Basculer du transport routier au rail permet de l'améliorer considérablement, dès lors qu'il inclut les fournisseurs de l'entreprise concernée.
Je souscris aux observations de M. le président sur la qualité de service de Fret SNCF, au demeurant très présentes dans le discours des entreprises et des dirigeants de la SNCF eux-mêmes, qui étaient parfaitement conscients du problème.
Les technologies permettant de décarboner le transport routier ne sont pas acquises – celui-ci a du reste fait des progrès considérables grâce au progrès technique des moteurs, qui a permis de diviser par deux les émissions de CO2 par tonne transportée en vingt ou trente ans,
Ainsi, le biogaz présente une capacité de production limitée. Il n'est donc pas à l'échelle de la consommation du parc de camions, dans aucun pays.
Quant à l'hydrogène, je n'en suis pas spécialiste, mais je lis beaucoup de publications sur l'énergie et considère que les problèmes de sécurité qu'il soulève ne sauraient être négligés. Nous avons tendance à le considérer comme la solution miracle pour le transport routier et maritime. Or il s'agit d'une technologie complexe. Le transport et le stockage de l'hydrogène présentent des risques sérieux. Il y a quelques jours, Bernard Meunier, membre de l'Académie des sciences, ancien président du CNRS, chimiste, a ainsi appelé l'attention sur les risques d'explosion de l'hydrogène. Je me permets donc de dire qu'il faut être prudent en l'absence d'un développement à une certaine échelle.
Ce qui est sûr, c'est que nous devons, aujourd'hui plus encore qu'hier, tenter de développer le fret ferroviaire. S'agissant des ports, il est frappant de constater que ce problème, identifié depuis quarante ans, voire plus, n'a pas été traité. Le fameux barreau ferroviaire permettant de relier le port du Havre à la région parisienne ou aux régions de l'Est et du Nord en contournant Paris n'a toujours pas vu le jour. Il s'agit de questions très concrètes.