Comme vous l'avez indiqué à deux reprises, j'ai joué un rôle dans une période sinon charnière, du moins quasi-intérimaire. Un an, c'est très court pour de telles affaires, qui exigent du temps.
S'agissant du plan Véron, vous semblez suggérer qu'il comportait en lui-même une sorte d'incohérence. Je ne le pensais pas et je ne le pense toujours pas. Il n'est pas incohérent de se concentrer sur ce que l'on sait faire de mieux pour relancer une activité. Dès lors que la SNCF était mauvaise, pour ne pas dire très mauvaise, sur les wagons isolés, il n'était pas illogique de concentrer les efforts sur le marché qui semblait le plus adapté au fret ferroviaire. Je n'y vois aucune contradiction. Il est classique, pour redresser une entreprise qui ne va pas très bien, de se concentrer sur ses savoir-faire principaux et d'abandonner l'activité périphérique ; même s'il en résulte, dans un premier temps, une baisse de chiffre d'affaires, il s'agit d'un bon moyen de redresser la barre.
S'agissant de la baisse des effectifs, mon appréciation porte sur une période désormais assez éloignée. Dans mon esprit, la SNCF, alors comme à présent, était en sureffectif, et nettement. Les résultats du fret ferroviaire en étaient en partie la conséquence. Réduire les effectifs n'était pas contradictoire avec un plan visant certes à redresser la part modale, mais également à rétablir la situation financière.
Que cela n'ait pas réussi, c'est une autre affaire. Je n'ai pas les éléments d'appréciation pour vous répondre et vous dire pourquoi cela n'a pas marché. Sans doute n'a-t-on pas eu, comme souvent, le courage d'aller au bout du plan.
Était-il pleinement adapté ? Le monde politique doit être modeste. Même nommé secrétaire d'État aux transports, on n'est pas celui qui a les idées géniales pour redresser ce qui ne va pas dans le domaine des transports. On hérite du rôle du politique vis-à-vis d'une administration ou d'une entreprise publique. Je n'ai jamais prétendu et ne prétends pas être un spécialiste à même d'apprécier le bien-fondé d'un plan tel que le plan Véron, dont certaines dimensions économiques et techniques m'échappaient totalement. Toutefois, je ne voyais pas de contradiction dans ses principales données, et je n'en vois toujours pas.
Naturellement, rien n'interdit de porter sur ce plan une appréciation totalement différente de la mienne. De même, chacun peut avoir sur les effectifs de la SNCF un avis diamétralement opposé au mien. Quoi qu'il en soit, les comparaisons internationales dont nous disposions montraient que le rail français était très bien doté en effectifs.