Il est certain que la demande sur le marché du transport de marchandises n'est plus à des trains de 2 000 ou 3 000 tonnes pour un seul chargeur. Le wagon isolé n'est pas un mythe. Si on veut développer le fret ferroviaire, il faut s'adapter à la taille des envois des chargeurs. Dans le transport routier, ce sont les entreprises de messagerie qui gagnent de l'argent aujourd'hui – celles qui remplissent leurs camions avec de petits colis, et non de la charge complète. C'est là que Geodis réussit. Il est possible de transposer ce modèle au fret ferroviaire à condition d'être capable de localiser les wagons. On ne sait pas le faire aujourd'hui alors que pas un conteneur sur la planète n'échappe à la surveillance. Ceci s'explique par le sous-investissement chronique.
Quand j'étais directeur général délégué chargé du fret à la SNCF, l'entreprise perdait de l'argent sur le transport combiné, c'est vrai. Une réorganisation était nécessaire. Certains estimaient que le doublement du fret ferroviaire était un leurre, mais le trafic de conteneurs du port de Rotterdam a bien doublé entre 2000 et 2010. Le transport combiné était le marché d'avenir sur lequel il fallait miser. En l'abandonnant, on condamnait le fret. Voilà pourquoi on en est là aujourd'hui.