Je le répète, j'ai voté contre la scission qui a donné naissance à RFF. Mais, lorsque j'ai pris mes fonctions, j'ai dû prendre mes responsabilités dans un gouvernement qui n'était pas dirigé par un communiste. Une dette de 20 milliards d'euros avait été transférée à RFF. J'ai travaillé main dans la main avec le président de RFF pour que le développement de Fret SNCF ne soit pas remis en cause. L'ambition était de multiplier par deux le trafic ferroviaire de marchandises – qui était alors de 55 milliards de tonnes-kilomètre. Notre obsession a été de créer le Conseil supérieur du service public ferroviaire. Il serait d'ailleurs intéressant que vous auditionniez ses anciens membres parmi lesquels se trouvaient des parlementaires. Lorsque nous avons été éjectés du gouvernement, je me suis fortement interrogé sur l'opportunité de réunir de nouveau RFF et la SNCF au sein d'une seule entité. C'est une idée qui mérite d'être creusée.
Contrairement à l'Allemagne où la production de charbon continue, en France, toutes les industries ont été délocalisées alors qu'elles étaient des clientes importantes du fret. C'est d'ailleurs un aspect qu'il ne faut pas négliger dans les projets de relocalisation. Je me souviens d'un projet de transport par wagons isolés d'un matériau extrait d'une carrière à Monastier-Pin-Moriès en Lozère jusqu'à un chantier conduit par Bouygues dans la région Occitanie. Il n'a pas pu voir le jour car, selon la SNCF, les deux locomotives nécessaires pour acheminer la marchandise étaient trop coûteuses.
S'agissant des wagons isolés, il ne s'agit pas de les opposer aux trains entiers. Lorsque la ligne à grande vitesse entre Nîmes et Montpellier a été décidée, le gouvernement auquel j'appartenais a veillé à ce que les trains de marchandises puissent circuler aussi. La France n'a pas profité de l'avantage dont elle disposait. Certains pays européens ont su, mieux que nous, tirer parti de la libéralisation.