Intervention de Jean-Claude Gayssot

Réunion du mardi 12 septembre 2023 à 14h00
Commission d'enquête sur la libéralisation du fret ferroviaire et ses conséquences pour l'avenir

Jean-Claude Gayssot, ancien ministre :

Ce que vient de dire M. Rol-Tanguy est très important : la dimension européenne a été totalement négligée.

Comme les députés socialistes, j'ai voté contre la scission entre RFF et SNCF. La directive 91/440 marque le début d'une libéralisation dont le but affiché était d'enrayer le déclin du fret ferroviaire. Ils ont eu tout faux ! Certains pays – l'Allemagne ou l'Italie – ont su tirer parti de l'abandon du service public pour racheter des entreprises. Les Allemands ont été plus malins que nous à cet égard.

Vous êtes aux responsabilités, vous savez comment ça marche. Pendant cinq ans, j'ai signé des contrats, y compris avec les Américains, j'ai essayé de trouver des compromis gagnant-gagnant. J'ai ainsi obtenu que le CFM56, le moteur d'avion le plus vendu au monde, continue à être produit à 50-50 avec General Electric.

S'agissant de la maintenance, le problème est patent, les retards que nous subissons tous en attestent. Je ne mets pas en cause le président de la SNCF. En revanche, je regrette qu'on s'abrite toujours derrière la maîtrise des dépenses publiques pour ne pas y remédier. Lorsque j'étais ministre, la chute libre avait été enrayée grâce à l'embauche de 41 000 cheminots en cinq ans, loin des 500 000 que comptait la SNCF en 1937. Depuis, nous assistons à un déclin ininterrompu, dont le transport des marchandises a le plus souffert. Ce déclin ne s'arrêtera pas si la rentabilité et l'efficacité financière restent la seule boussole, si l'on ne tourne pas le dos aux directives européennes qui font primer la loi du marché – je ne suis pas contre le marché, je suis contre la dictature de la loi du marché. C'est bien sous la pression des marchés financiers que la récente réforme des retraites a été faite.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion