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Intervention de Emma Oudiou

Réunion du mardi 5 septembre 2023 à 14h30
Commission d'enquête relative à l'identification des défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport, du mouvement sportif et des organismes de gouvernance du monde sportif ayant délégation de service public

Emma Oudiou, championne d'athlétisme :

J'ai subi des violences en 2014 de la part de l'entraîneur national, et j'ai décidé d'en parler à mon entraîneur de pôle. Cette personne a choisi de téléphoner à l'entraîneur national pour essayer de savoir un peu ce qui se passait. Un règlement est plus ou moins intervenu entre eux, mais cela n'est pas remonté au niveau de la fédération. La volonté de gérer l'affaire en famille, entre soi, pour que cela ne s'ébruite pas trop, a constitué une sorte de premier plafond.

J'ai de nouveau été confrontée, lors d'un stage fédéral, au même entraîneur national. J'ai un peu explosé à ce moment-là et j'ai décidé d'en parler à un responsable de la fédération en qui j'avais confiance, à juste titre. C'est lui qui, ensuite, a décidé d'écarter l'entraîneur national des équipes de France jeunes. Cela s'est vraiment fait au feeling, d'une façon très interpersonnelle : j'ai senti que je pouvais avoir confiance en cet homme-là, qui a pris ses responsabilités, alors qu'il n'était pas identifié par la fédération comme une personne-ressource.

Par ailleurs, la fédération demande beaucoup d'éléments dans le cadre des enquêtes administratives. Je m'exprime en mon nom, mais plusieurs autres personnes m'en ont parlé. C'est très dur, car on demande aux victimes de se rendre disponibles dans des délais extrêmement courts et de raconter encore et encore ce qui leur est arrivé – et ce qui est bien souvent très traumatisant pour elles. Il faut être prêt à répéter son histoire et à faire face aux décisions qui sont prises. On reçoit alors un courrier ou un mail de la fédération, d'une manière très officielle et presque très froide. Je peux le comprendre, car tout le monde n'est pas forcément là pour faire quelque chose d'un peu plus bienveillant ou de l'accompagnement, mais je trouve qu'il est dommage qu'il n'y ait pas un petit mot du président et du directeur technique national (DTN) et qu'on ne nous propose pas un accompagnement juridique et psychologique, alors que les violences ont été vécues dans le cadre de notre pratique sportive et que les mêmes fédérations sont très contentes de nous trouver quand il faut les faire briller en rapportant des médailles. Il existe de vraies lacunes en matière d'accompagnement.

Ce que je vais dire est peut-être un peu cynique et je force le trait, mais quand on ne sert plus à grand-chose du point de vue de la fédération, j'ai le sentiment qu'on nous lâche un peu et que des personnes qui sont médaillables aux Jeux olympiques, mais qui se trouvent être des agresseurs, sont protégées parce qu'elles présentent toujours un intérêt pour le milieu sportif.

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