Il y a beaucoup à faire. Tout d'abord, il faut que les personnes ressources soient clairement identifiées. Il y a une très bonne infirmière à l'Insep, Isabelle, qui a été formée pour recueillir la parole de potentielles victimes, mais très peu d'athlètes connaissent son existence.
Un travail de fond doit être conduit à l'Insep sur la culture très sexiste qui y règne. Beaucoup d'athlètes masculins commentent les tenues un peu courtes, font des remarques sur la vie sexuelle ou l'absence de vie sexuelle des filles et comparent le nombre de sportives qu'ils ont draguées ou avec lesquelles ils ont couché. Cet environnement est propice à l'épanouissement des VSS.
Il convient aussi de mettre à l'écart, de façon claire et nette, les sportifs, les entraîneurs et les encadrants mis en cause par des victimes. En effet, dans le milieu du sport, les carrières, qui s'arrêtent entre 30 et 35 ans, sont courtes ; elles sont rythmées par les championnats d'Europe et du monde, qui se tiennent tous les ans ou tous les deux ans, et par les Jeux olympiques, qui ont lieu tous les quatre ans. Pour pouvoir mener sa carrière et vivre de son sport, une athlète ne peut pas se permettre de continuer à fréquenter, à l'entraînement et dans sa vie quotidienne, son agresseur. L'Insep n'était pas seulement notre cadre professionnel, c'était toute notre vie : nous y mangions, nous y dormions et nos amis y étaient également. À la fin de ma carrière, en 2020, j'ai eu d'importants désaccords avec mon entraîneur, qui m'a demandé de quitter le groupe d'entraînement, donc de tout abandonner – mon toit, ma carrière et mes moyens de subsistance. L'Insep doit prendre conscience de ses responsabilités vis-à-vis des sportives et du fait que la culture qui y domine ne fait qu'alimenter les violences sexistes et sexuelles