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Intervention de Claire Palou

Réunion du mardi 5 septembre 2023 à 14h30
Commission d'enquête relative à l'identification des défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport, du mouvement sportif et des organismes de gouvernance du monde sportif ayant délégation de service public

Claire Palou, championne d'athlétisme :

Mon histoire avec les psychologues est très compliquée. Il y en a très peu à l'Insep. De nombreux athlètes n'ont pas envie d'aller les voir car ils les estiment insuffisamment compétentes et leur reprochent de ne pas respecter la confidentialité des entretiens et d'aller évoquer leur contenu auprès des entraîneurs. J'ai choisi une psychologue de renom, qui consulte à l'extérieur de l'Insep et qui suit beaucoup de sportifs de haut niveau. Malheureusement, cela ne s'est pas très bien passé avec elle.

Lorsque j'ai commencé à ne pas aller bien du tout, j'ai été très mal prise en charge par ma psychologue et par le médecin du sport de l'Insep vers lequel m'avait dirigée l'Insep. Personne ne m'avait dit qu'il y a un psychiatre à l'Insep. Très peu le savent. Ce médecin m'a prescrit des antidépresseurs comme on donne du Doliprane, sans explication : il ne m'a pas prévenue des idées suicidaires qui peuvent augmenter au début du traitement ; en outre, il m'a demandé de prendre des anxiolytiques toutes les quatre heures, sans m'informer du risque d'addiction. Dès que j'ai commencé à prendre ces médicaments, je me suis retrouvée aux urgences psychiatriques pour tentative de suicide ; mes difficultés n'ont cessé que lorsqu'un médecin m'a enlevé les anxiolytiques, mais j'ai été à nouveau hospitalisée dans la foulée. La psychologue voulait continuer les séances à l'hôpital, mais mes parents ont insisté pour que je cesse de la voir. Je n'étais plus moi-même à cette période et j'ai mis du temps à retrouver de la stabilité. J'ai été très mal prise en charge.

On ne cessait de me dire que le plus important était le sport et la performance et qu'il fallait que je me remette vite d'aplomb pour les prochaines compétitions, alors que j'étais à bout. Je voulais parler à ma psychologue des choses anormales que j'avais vécues avec des hommes, mais elle refusait d'évoquer ce sujet – elle me disait que ce n'était pas l'objet de la séance et qu'on en parlerait plus tard. Cela m'a confortée dans le déni, en me faisant penser que ce que j'avais vécu n'était pas très important. Ensuite, tout a pris trop d'ampleur.

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