Mes chers collègues, nous continuons notre après-midi en accueillant M. Jules Ravel, journaliste ou, selon la dénomination moderne, street journaliste. Nous évoquerons avec lui les violences commises en marge des manifestations et leur impact sur la liberté de la presse. Vous êtes le bienvenu devant cette commission d'enquête. Un questionnaire vous a préalablement été transmis par notre rapporteur. Toutes les questions qu'il contient ne pourront pas être évoquées de manière exhaustive. Je vous invite par conséquent à communiquer ultérieurement vos réponses écrites.
Je dois préciser que nous avions initialement prévu que cette audition se tienne en format table-ronde, et que deux autres journalistes avaient été conviés à y prendre part. L'un d'entre eux n'a jamais donné signe de vie malgré de nombreuses relances par voie électronique et par le biais d'un média avec lequel il collabore. L'autre, qui a pourtant passé tout un week-end, il y a une dizaine de jours, à déplorer à la télévision et dans les journaux la gestion des manifestations et l'impact du maintien de l'ordre sur la démocratie, n'a pas jugé que porter cette conviction devant le Parlement justifiait le sacrifice d'une demi-journée de vacances. J'en ai pris acte dès lors que M. Ravel avait confirmé sa présence et qu'il pourrait répondre aux questions que se pose la commission d'enquête. Mais le moins que l'on puisse dire est que ces comportements interrogent.
Quoi qu'il en soit, M. Ravel est bien là et je l'en remercie d'autant plus. Il me revient d'ouvrir les débats. Je le ferai en vous soumettant les deux premières questions, à caractère général, qui permettront d'engager la discussion. En premier lieu, nous avons auditionné hier les représentants des chaînes d'information en continu. Tous ont fait le récit d'une couverture des manifestations nettement plus risquée, nettement plus soumise aux risques d'agression physique, depuis l'épisode des gilets jaunes. Est-ce un constat que vous partagez ? Avez-vous subi des violences dans l'exercice de votre métier et, si oui, quels en étaient les auteurs ?
En second lieu, comment décririez-vous vos relations avec les manifestants et avec les forces de sécurité ? Prenez-vous contact avant la manifestation pour vous identifier ? Avez-vous ressenti les effets du nouveau schéma national de maintien de l'ordre dans l'exercice de votre travail ?
Avant de vous donner la parole et en application de l'article 6 de l'ordonnance n° 58-1100 du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires, je vais vous demander de prêter serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.