Vous avez donc une idée claire de la façon dont les choses se passent. Les interactions entre les forces de l'ordre et les manifestants sont peu caractérisées par une volonté de compréhension mutuelle.
Je n'ai pas eu l'occasion d'étudier concrètement le vécu policier des moments d'émeute. Pendant l'une des manifestations des gilets jaunes sous l'Arc de Triomphe, je me souviens avoir échangé avec un membre des forces de l'ordre fatigué par les événements de la journée. Lorsque je lui ai dit qu'il préférait sans doute ce genre d'événement à une manifestation de retraités, il a plutôt acquiescé. Ce qui le dérangeait surtout, c'était que ce soit un samedi. Il serait intéressant d'étudier la manière dont les policiers et les gendarmes vivent le moment de l'émeute : je ne suis pas certain qu'ils le subissent entièrement ou qu'ils l'expérimentent à travers le seul prisme de la crainte. La recherche d'intensité n'est pas exclusive aux manifestants.
Les sommations ne sont en effet pas entendues. Elles interviennent dans un contexte chaotique. Les participants sont souvent surpris. Par ailleurs, beaucoup de personnes ne souhaitent pas s'écarter. La présence dans la rue est importante. Elle a tendance à être contrariée depuis quelques années : les cortèges sont réduits. La manifestation est un moment où les gens se retrouvent ensemble et veulent faire perdurer le moment.