Mon ambition est en effet double. En tant que chercheur et ethnographe, je cherche à comprendre de l'intérieur, par le corps, les phénomènes que j'étudie. Ceci peut me conduire à me placer dans des situations délicates. C'est davantage de la sociologie de la chair décrite par Loïc Wacquant que je m'inspire : cette sociologie par corps, et non par cœur, propose d'éprouver charnellement un phénomène pour en saisir et en restituer l'épaisseur.
Par ailleurs, ma préoccupation est intellectuelle et politique. Lorsqu'on lui demandait ce qu'était la philosophie, Gilles Deleuze répondait par deux questions. Qu'est-ce qui nous arrive ? Que sommes-nous en train de devenir ? J'étudie la guerre et les violences pour réfléchir à nos devenirs, sous l'angle à la fois des forces réactives qui nous traversent et de la démocratie, de la société que nous sommes en train de construire.
Outre les travaux de Gilles Deleuze et Michel Foucault, ceux de Hannah Arendt sont précieux pour comprendre ces mouvements qui réduisent, affaissent et crispent les subjectivités. Ce rapport crispé au monde est, selon moi, révélateur de nombreuses crises. J'ai parlé d'une crise de confiance à l'égard du monde : Hannah Arendt le constatait en son temps. Cette crise s'est depuis largement radicalisée et nous place aujourd'hui dans une situation d'impasse.
Je n'ai pas relu les travaux de Michel Maffesoli depuis ma thèse. Il ne fait pas partie des auteurs qui ont inspiré mon parcours intellectuel. Je ne pourrai donc commenter les deux ouvrages cités.