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Intervention de Rémy Slama

Réunion du jeudi 20 juillet 2023 à 10h50
Commission d'enquête sur les causes de l'incapacité de la france à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires sur la santé humaine et environnementale et notamment sur les conditions de l'exercice des missions des autorités publiques en charge de la sécurité sanitaire

Rémy Slama :

Il est essentiel de disposer d'études qui permettent de quantifier les expositions au niveau individuel. C'est ainsi important d'avoir des registres de cancers qui documentent l'incidence des pathologies. Ces informations sont disponibles dans certains départements. Au niveau national, on a des données sur la survenue de cancers chez les moins de 18 ans. Mais il ne suffit pas de disposer des données sur l'incidence des pathologies, il faut également que ces expositions soient bien documentées. Des progrès importants sont intervenus du côté des études de biosurveillance, avec des enquêtes telles que l'EAT. Les données sur la qualité de l'eau sont plus hétérogènes. Des efforts ont été accomplis pour mettre à disposition de la recherche les données sur l'usage des pesticides. Néanmoins, la finesse de ces données est moins importante que celle que je constate chez mes confrères de Californie, qui peuvent travailler depuis décennies sur des registres d'épandage de pesticides. Ces registres sont précis, à l'échelle de la parcelle, ils détaillent l'ensemble des molécules utilisées et les quantités par chaque agriculteur sur chacune des parcelles, trimestre après trimestre. Cela peut permettre de faire des études croisant les données d'usage avec l'incidence locale des cancers.

Il demeure toutefois important de conduire des études au niveau individuel avec une quantification précise des expositions, soit par questionnaire comme cela a été évoqué, soit avec des biomarqueurs. Nous pouvons citer l'étude agricole coordonnée par Pierre Lebailly, qui est l'une des plus grandes études sur la santé des agriculteurs et de leurs familles et l'effet des expositions aux pesticides dans le monde. Ces études sont encore trop peu soutenues et trop peu nombreuses dans la mesure où l'on s'intéresse à des pathologies relativement rares et qui surviennent, vous l'avez compris, parfois de nombreuses années après l'exposition.

Je considère que la France pourrait faire mieux pour la collecte de données de surveillance et pour la réalisation d'études bien spécifiques dans des conditions qui, bien sûr, respectent la protection des données personnelles. Je ne suis pas convaincu en revanche que la solution consiste à généraliser des registres de cancer sur l'ensemble de territoires. Il est important de pouvoir descendre au niveau individuel, au niveau de la molécule ou du type de substances utilisées, en contrôlant les facteurs de confusion potentielle et les comportements individuels. On ne peut pas faire cela quand on a des données agrégées à l'échelle d'une commune, mais on peut le faire quand on suit une cohorte, à l'aide de questionnaires. Je sais néanmoins que des discussions sont en cours concernant le déploiement de registres de cancer à l'échelle nationale.

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