Nous avons évoqué aujourd'hui la problématique de danger : telle ou telle substance peut-elle créer telle pathologie respiratoire ? Il s'agit ensuite de procéder à une évaluation de risques, c'est-à-dire de quantifier le nombre de décès, de pathologies attribuables à chaque substance et de combiner cette information avec des données représentatives concernant les expositions de la population. Les grandes enquêtes de biosurveillance des agences sanitaires, notamment l'Anses et Santé Publique France, concernent notamment l'exposition aux pesticides, mais abordent aussi de nombreux autres facteurs environnementaux en combinant les relations dose-réponse issues de travaux épidémiologiques. Grâce à ces données sur la distribution de l'ensemble de la population, on peut arriver à quantifier le risque, comme le nombre de cas de pathologies ou d'années de vie en bonne santé perdues du fait chaque substance. Ceci permet de combiner des effets pour des substances influant sur des pathologies différentes et de parvenir à ce qu'on appelle « le fardeau environnemental » des maladies.
Ce tableau est assez précis pour les grands facteurs comportementaux sur lesquels nous travaillons depuis des décennies, comme le tabac, l'alcool, l'activité physique, la pollution atmosphérique et certaines expositions professionnelles. Il inclut toutefois encore trop peu de substances chimiques, soit parce que les données d'exposition ne sont pas disponibles, soit, plus souvent, parce que les données relatives aux doses-réponses chez l'humain ne sont pas assez précises.
En lien avec les agences, l'Inserm avait proposé un programme prioritaire de recherche – ce travail doit se faire aussi à l'échelle européenne – qui viserait notamment à augmenter le nombre de substances pour lesquelles il existerait des relations dose-réponse chez l'humain. Cela permettrait à terme de connaître le « fardeau environnemental » des maladies en prenant en compte de nombreuses substances chimiques, ce qui serait un outil essentiel pour permettre aux décideurs de hiérarchiser les risques attribuables à chaque substance. Parfois, nous sommes confrontés à des substances pour lesquelles l'effet individuel est faible, mais auxquelles de très nombreuses personnes sont exposées, ce qui peut aboutir à un nombre de cas attribuables plus important que celui imputable à des substances qui ont un effet fort au niveau individuel, mais qui ne concernent que quelques dizaines de sujets dans la population. Il est très important de continuer à travailler sur ce sujet. Parvenir à cette description du fardeau environnemental des maladies permettrait de rendre concret l'enjeu de la fixation de priorités santé, en lien avec l'exposome tel que défini dans la loi.
Je ne peux pas répondre à la question posée sur les études impliquant le cuivre dans l'agriculture biologique, mais des équipes de recherches se préoccupent certainement de ce sujet. Il n'y a pas de raison de ne pas s'intéresser aux substances utilisées ou autorisées dans l'agriculture biologique, mais je ne suis pas capable de vous dire si des travaux sont précisément réalisés sur ce sujet à l'heure actuelle.