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Intervention de Rémy Slama

Réunion du jeudi 20 juillet 2023 à 10h50
Commission d'enquête sur les causes de l'incapacité de la france à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires sur la santé humaine et environnementale et notamment sur les conditions de l'exercice des missions des autorités publiques en charge de la sécurité sanitaire

Rémy Slama :

L'exposition des femmes aux pesticides est une réalité, que ce soit dans la période pré-conceptionnelle ou pendant la grossesse, Aucun argument toxicologique général ne nous permet de penser que cette voie d'exposition serait moins préoccupante qu'une exposition aérienne, par exemple dans le contexte de travaux ou d'activités professionnelles, à dose égale. C'est donc l'une des voies d'exposition sur lesquelles il faut agir.

Cela signifie qu'il est essentiel de protéger non seulement les nouveau-nés et les enfants, mais aussi les parents, et même en dehors de la période de la grossesse. D'une certaine façon, le plus simple consiste bien sûr à limiter les niveaux des substances dangereuses, en particulier des pesticides préoccupants, dans l'ensemble des compartiments de l'environnement. L'ensemble de ces situations d'exposition doivent donc être prises en compte. À cet égard, les plans Écophyto relèvent de cette logique, puisqu'ils sont exprimés en termes d'usage des pesticides et non pas en termes de présence de pesticides dans tel ou tel compartiment, comme l'alimentation, l'eau ou le milieu professionnel.

Concernant la prise en charge médicale des patients, il convient de rappeler que nous sommes face à des pathologies qui ne sont pas spécifiques de l'exposition aux pesticides. Comme l'a rappelé Stéphanie Boujon, les leucémies, par exemple, sont des cancers malheureusement assez fréquents à différents âges de la vie. À ce stade, la recherche n'a pas permis d'identifier des signatures biologiques qui permettraient de savoir si le déclenchement de telle ou telle pathologie est réellement induit par des pesticides. Un cancer du poumon induit par des polluants atmosphériques n'a pas forcément une signature évidente dans l'organisme, qui ferait que le médecin pourrait tout de suite le différencier d'un cancer induit par le tabagisme, par exemple.

En dehors du contexte des reconnaissances de maladies professionnelles, que je connais mal et sur lesquelles Laurent Fleury pourra peut-être s'exprimer, je ne suis pas sûr qu'il y ait de prise en charge médicale spécifique. Je ne sais pas non plus ce qu'il serait nécessaire de faire. La démarche consistant à conduire des consultations environnementales pour essayer d'identifier l'environnement du patient est néanmoins pertinente. On a tendance à le faire dans un contexte potentiel de maladie professionnelle ; en population générale c'est très rare mais cela aurait du sens.

Je voudrais toutefois souligner que si l'on cherche à agir au niveau individuel pour protéger une personne malade en agissant sur des facteurs de son environnement, cela sera souvent tardif, car la maladie se déclenche généralement tard. On pourra toujours chercher à réduire les expositions pour cette personne, mais ce sera globalement moins efficace pour la société que d'agir sur l'environnement de l'ensemble de la population. Il est plus utile d'améliorer l'environnement dans sa globalité plutôt que de procéder par remède, individu par individu.

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