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Intervention de Stéphanie Goujon

Réunion du jeudi 20 juillet 2023 à 10h50
Commission d'enquête sur les causes de l'incapacité de la france à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires sur la santé humaine et environnementale et notamment sur les conditions de l'exercice des missions des autorités publiques en charge de la sécurité sanitaire

Stéphanie Goujon :

La période pré-conceptionnelle présente un grand intérêt. On s'y focalise beaucoup dans l'étude des cancers pédiatriques qui interviennent à des âges très jeunes. Pour les leucémies, qui constituent le type de cancer le plus fréquent chez les enfants, à raison d'un tiers des cancers chez les moins de 15 ans, on a pu mettre en évidence des modifications génétiques présentes dès la naissance.

Il est maintenant établi que la majorité des leucémies aiguës lymphoblastiques – le type de plus fréquent de leucémie – se développent en deux étapes. Un premier événement génétique intervient in utero et se traduit par des mutations génétiques que l'on retrouve chez une part finalement assez importante de la population, notamment chez les enfants qui vont développer les leucémies. Un deuxième événement peut être lié à une exposition particulière après la naissance et conduit au développement de la maladie.

Beaucoup d'études s'intéressent ainsi désormais à la période préconceptionnelle chez la mère, un peu moins chez le père. Mais en effet, comme je l'ai évoqué, une étude publiée par un consortium international rassemblant une vingtaine de pays semble indiquer que l'exposition du père aux pesticides dans un contexte professionnel en période pré-conceptionnelle pourrait être associée à une augmentation du risque de leucémie chez l'enfant. L'exposition aux pesticides pourrait ainsi avoir un effet sur les gamètes, ce qui pourrait ensuite entraîner des modifications chez l'enfant et induire la leucémie.

Toutefois, ces études sont encore plutôt hétérogènes parce qu'il s'agit ici d'une population générale, pour laquelle il est vraiment difficile de caractériser l'exposition. Comme il s'agit de pathologies rares, les effectifs sont assez limités. Il est donc nécessaire de rassembler les études menées dans différents pays, avec les difficultés méthodologiques que cela implique.

Nous ne disposons que de très peu de données concernant la contamination par l'eau pendant la grossesse, en tout cas pour les cancers pédiatriques. Je pense donc que cette exposition n'a probablement pas été étudiée. Pour le moment, nous n'avons pas de données suffisamment étayées pour pouvoir évaluer l'exposition, et encore moins pour ce qui est de l'alimentation ou de l'exposition via l'eau.

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