L'engagement de porter l'effort de défense à 2 % du PIB ne fait l'objet d'aucun délai et s'applique dès à présent. Il s'agissait d'un objectif plafond ; c'est désormais un objectif plancher, ce qui nous convient, la LPM qui vient d'être adoptée nous plaçant structurellement au-dessus de 2 %.
S'agissant des plans régionaux, le processus de génération de force est en cours. Les États-Unis sont prêts à contribuer et contribueront. L'apport des plans régionaux est l'insertion des États-Unis, qui ont en Europe une planification nationale, dans un cadre collectif. En cas de conflit en Europe, mieux vaut disposer d'une planification collective que devoir compter sur un plan américain dont nous ne sommes pas partie prenante.
Il n'en reste pas moins que, dans certains domaines, la contribution des autres alliés est insuffisante. Tel est notamment le cas en matière de défense aérienne. Dans le modèle expéditionnaire adopté après la guerre froide, face à des adversaires n'ayant pas la maîtrise du ciel, au premier rang desquels les terroristes, le recours à ces capacités coûteuses était limité. Le développement des capacités de défense aérienne a donc été moins investi. La France s'est beaucoup impliquée en la matière. Nous avons réuni le 19 juin une conférence sur la défense aérienne, qui s'est tenue en présence du Président de la République. Nous avons alimenté une discussion stratégique, capacitaire et industrielle sur les termes de l'engagement pour accélérer le développement de nos moyens en la matière.
S'agissant du risque que Donald Trump ou un « iso Donald Trump » arrive au pouvoir, il suscite une réelle inquiétude parmi nos alliés, naturellement, mais nous n'en parlons pas formellement.
La France assume ce qu'elle a toujours dit : nous ne pouvons pas nous en remettre au vote de l'électeur américain. Je me souviendrai toujours de cette nuit de 2020 passée avec mes collègues à suivre le dépouillement des votes, majoritairement républicains, des électeurs d'origine cubaine de la banlieue de Miami. La finesse de la connaissance de la géographie électorale américaine de mes collègues avait quelque chose d'inquiétant. Dans ces moments-là on se félicite que La France ne dépende pas, pour son assurance-vie, de la garantie de sécurité américaine, donc de l'électeur américain, et que vous, représentants de la nation, faites bien de soutenir la dissuasion nucléaire et d'en expliquer à nos compatriotes les tenants et les aboutissants.
Cela fait partir de nos échanges informels avec nos collègues des alliés d'Europe centrale, tels que la Pologne, qui ont une haute idée de leur souveraineté et nourrissent pour elle de grandes ambitions, tant ils se sont construits dans son recouvrement. De notre côté, nous sommes clairs sur le fait que notre agenda et notre ambition européens n'ont pas vocation à remplacer la garantie de sécurité américaine, mais à être de meilleurs partenaires des Américains, ce qui est d'autant plus nécessaire que, quelles que soient les futures administrations américaines, les États-Unis resteront notre allié et que nous devrons être à même de peser dans la discussion avec eux.