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Intervention de Général de division Joseph Dupré la Tour

Réunion du lundi 19 juin 2023 à 18h00
Commission d'enquête sur la structuration, le financement, les moyens et les modalités d'action des groupuscules auteurs de violences à l'occasion des manifestations et rassemblements intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023, ainsi que sur le déroulement de ces manifestations et rassemblements

Général de division Joseph Dupré la Tour :

Nous avons porté secours à 237 personnes, dont 146 victimes civiles, 89 policiers ou gendarmes et 2 journalistes. Sur l'ensemble, 3 étaient en urgence absolue. Les urgences relatives concernaient de petites contusions, des malaises ou des états d'ébriété.

Pour les incendies, 1 536 feux ont été éteints, dont 1 522 feux de voie publique impliquant des poubelles, des bornes de recharge Vélib', des barricades de fortune ou de petits véhicules à deux roues. On dénombre aussi 14 feux de contenants. Le feu de contenant le plus médiatisé a été celui de l'auvent du restaurant La Rotonde. Un feu s'est également déclaré, place de la Nation, dans un bâtiment en cours de rénovation alors que des manifestants étaient montés sur le toit.

Lors de la manifestation du 23 mars 2023, nous avons éteint 374 feux car les éboueurs n'avaient pas ramassé les poubelles. Lors des manifestations suivantes, en fonction de l'itinéraire, des officiers des pompiers étaient envoyés en reconnaissance la veille pour s'assurer de l'absence de poubelle. Si besoin, nous obtenions de la mairie de Paris que ces axes soient nettoyés. Des poubelles subsistaient parfois dans les rues attenantes, mais l'objectif était de dégager l'espace pour minimiser le risque.

Si l'on compare les manifestations du printemps 2023 avec celles des Gilets jaunes, j'ai l'impression que le niveau de violence était supérieur en 2018, notamment en fin d'année. Nous avions connu beaucoup d'agressions contre nos véhicules. Paradoxalement, les engins recevaient des projectiles, mais les manifestants nous laissaient passer pour éteindre les feux, voire nous aidaient à tirer les tuyaux. Nous détenons des images ahurissantes. Je pense qu'il y avait sans doute davantage de désespoir dans les manifestations des Gilets jaunes qu'une volonté de « casser du flic », contrairement à 2023. J'ai l'impression qu'il ne s'agissait pas tout à fait de la même violence. Le paroxysme du mouvement des Gilets jaunes a été atteint en 2018, où nos moyens ont été beaucoup abîmés. Lors d'une manifestation de soutien à la famille d'Adama Traoré en juin 2020, nous avions également fait face à un certain nombre d'agressions par jet de projectiles.

Nos véhicules se trouvant souvent stationnés à proximité des camions d'une compagnie républicaine de sécurité ou des escadrons de gendarmerie mobile, il est possible que nous soyons indirectement victimes. Je ne pense pas que les manifestants aient quelque chose contre les pompiers, mais ils nous assimilent aux autres puisque nous stationnons à côté. Nous nous demandons si nous devons être engagés à leurs côtés ou afficher une neutralité, mais puisque nous travaillons au profit du préfet de police, il ne servirait à rien d'être neutre. Mon souhait est que les citoyens puissent manifester pacifiquement sans être gênés par des feux, des jets de projectile ou des tirs de mortier. Cela ne me dérange pas que nous soyons stationnés à proximité d'un escadron de gendarmerie mobile ou d'une compagnie républicaine de sécurité.

Concernant les entraves éventuelles, à nouveau, nous n'en avons pas rencontré durant les manifestations de l'hiver 2023. Nous faisons parfois face à des tensions. Mais nous avançons prudemment. Nous roulons au pas. D'un côté, vous trouvez les black blocs et, d'un autre côté, les simples manifestants qui nous laissent passer. Ces derniers sont en surnombre par rapport aux black blocs qui sont très mobiles et en confrontation. Ces deux populations diffèrent grandement. Dans le cas d'un feu de poubelle au milieu d'une place, sans risque de propagation mais encerclé de black blocs, plutôt que de générer un affrontement supplémentaire, nous laissions brûler la poubelle. Tant pis pour les chaînes de télévision qui affirmaient que le désordre régnait dans Paris !

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