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Intervention de Sébastien Boueilh

Réunion du jeudi 20 juillet 2023 à 14h00
Commission d'enquête relative à l'identification des défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport, du mouvement sportif et des organismes de gouvernance du monde sportif ayant délégation de service public

Sébastien Boueilh, directeur de l'association Colosse aux pieds d'argile :

Je suis très honoré de pouvoir contribuer à vos travaux. S'agissant de mon expérience personnelle, j'ai été violé de l'âge de 11 à 16 ans, mais je n'ai pu en parler que dix-huit ans plus tard, en discutant avec un copain d'enfance, qui jouait au rugby avec moi dans les Landes. Cet ami avait suivi une hypnose partielle qui avait permis de révéler qu'il avait subi des viols les mercredis après-midi pendant un été entier. Le lendemain, je l'ai rappelé pour lui dire que j'avais été violé par la même personne pendant quatre ans, laquelle a aussi abusé de mon cousin. J'ai ensuite porté plainte.

Avant de s'en prendre à nous, ce prédateur avait gagné la confiance de mes parents, qui me confiaient à lui pour revenir des entraînements ou des répétitions de musique. Le procès a eu lieu à Mont-de-Marsan, condamnant l'agresseur à dix ans de prison. Il en a purgé quatre ans et sept mois. Je suis inquiet, car à l'issue de sa libération, il est parti travailler dans un camping.

À l'issue de ce procès, j'ai décidé de créer Colosse aux pieds d'argile pour lutter contre les violences sexuelles, le bizutage et le harcèlement en milieu sportif. Peu à peu, mon combat a pris de l'ampleur. Je suis une victime atypique dans le sens où lorsque l'on parle de victime, on se représente souvent une personne fragile. Pour ma part, je mesure 1,82 mètre et pèse 100 kg. Mes premières actions ont été suivies par les médias, notamment TF1, qui a effectué un reportage sur mon association six mois après sa création. Ce reportage a été diffusé dans le journal de Claire Chazal, touchant 6 millions de téléspectateurs. Mon combat a très vite dépassé le cadre de la côte basque et des Landes pour s'élargir à tout le territoire, tant les témoignages de victimes affluaient.

En 2016, j'ai décidé de professionnaliser notre action. L'association compte aujourd'hui 40 salariés sur la France métropolitaine et La Réunion. Nous sommes quotidiennement sur le terrain, ce qui nous permet de formuler des propositions pragmatiques auprès des ministres. L'année dernière, nous avons réalisé 1 700 interventions, qui ont touché 70 000 bénéficiaires, répartis à égalité entre majeurs et mineurs. Depuis le début de l'année 2023, nous avons conduit 1 700 interventions. Nous finirons vraisemblablement l'année à 3 000 interventions, qui auront concerné 100 000 personnes.

Aujourd'hui, nous travaillons avec 50 fédérations et six ministères. Nous avons une antenne en Argentine et en Espagne. Nous formons également les professionnels qui encadrent les enfants, notamment pour détecter les victimes. Nous nous servons du sport comme d'un levier libérateur et nous intervenons dans les écoles et les lycées. Nous avons aussi fait le choix d'intervenir face aux auteurs de violences sexuelles, qu'ils soient majeurs ou mineurs, notamment en lien avec la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Ce travail cherche ainsi à éviter la récidive. Aujourd'hui, nous élargissons nos actions.

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