Je vous transmettrai non seulement les documents, mais également les numéros des personnes en question. Une lettre manuscrite avait été rédigée il y a dix ou quinze ans par des anciens responsables de Tracfin. Cette lettre expliquait qu'ils n'avaient pas été saisis par le ministre des finances, mais qu'ils s'étaient rendu compte que les rétrocommissions et surfacturations étaient devenues un modèle économique, et qu'un tiers des présidents des clubs de Ligue 1 pourraient « terminer derrière les barreaux » si on les laissait travailler. De mémoire, cette lettre avait été, me semble-t-il, été envoyée à M. Michel Platini. La situation est identique aujourd'hui, mais à une échelle encore plus importante, compte tenu des sommes plus élevées qu'à l'époque. Il suffit de voir le nombre d'affaires de racket, de tentatives de meurtre ou d'extorsion. Un pugilat se prépare et les instances ferment les yeux.
Sur les quarante clubs professionnels en France, trente-huit sont en déficit structurel avant les transferts. Les pertes s'élevaient à plus de 600 millions d'euros l'année dernière, en dépit des aides exceptionnelles de l'État. Il n'existe pas une autre industrie qui perde autant d'argent, qui bénéficie d'autant d'aides, qui refuse de modifier son modèle économique et qui soit à peine contrôlée. Dans un an, le football français va entrer en faillite absolue et les présidents de clubs iront frapper à la porte des autorités publiques. Il est temps que tout le monde rende des comptes, notamment les organes de contrôle. Les bilans ne sont pas transparents et posent beaucoup de questions. La situation est encore pire dans les petits clubs.