Je vais vous adresser les lettres de licenciement et les constats. M. Le Graët avait soulevé un article 40 à l'encontre de Mme Roujas, qui n'avait pas été finalement été condamnée car son cas relevait de la prescription. Une autre affaire doit être mentionnée : l'affaire Fortépaule. M. Jacky Fortépaule, ancien président de la Ligue du Centre de football, a été condamné en appel pour harcèlement moral et sexuel. Quand des plaintes ont eu lieu à son égard, la FFF s'est empressée de produire des attestations qui lui étaient favorables.
Parmi les attestations figurait celle de Mme Régine Henriques, alors responsable du développement du football féminin de la FFF, dont elle est devenue ensuite la vice-présidente, avant de présider le comité national olympique sportif français (CNOSF). Un procès-verbal de gendarmerie porte sur l'audition de Mme Henriques qui prétend n'avoir jamais été alertée des potentielles agressions commises par M. Fortépaule. Le journal L'Equipe a pourtant révélé que Mme Henriques avait été avertie au moins deux fois. Elle l'a pourtant nié devant les gendarmes et dit aujourd'hui ne plus se souvenir avoir été contactée. Pourtant, selon l'un des procès-verbaux de gendarmerie, l'une des victimes l'avait alertée et Mme Henriques lui avait répondu qu'elle ne pouvait rien faire car une enquête était alors en cours. S'ils ne sont pas avertis, comment les clubs amateurs peuvent-ils savoir que cette personne a été licenciée de Clairefontaine pour comportements inappropriés à l'égard de mineurs ? Nous sommes au-delà de la négligence ! La responsabilité de la FFF est engagée, alors que tous ces gens seraient tenus de saisir le procureur de la République sur le fondement de l'article 40 du code de procédure pénale.
De son côté, que fait le ministère des sports lorsqu'il reçoit des signalements ? J'ai donné aux inspecteurs du ministère des sports les contacts de certaines victimes, mais – je le dis haut et fort – celles-ci n'ont pas été contactées. Lorsque j'ai été interrogé par les inspecteurs du ministère, M. Bruno Béthune et son équipe, on m'a dit : « Monsieur Molina, on ne peut pas sanctionner tout le monde ». Finalement, personne au ministère n'a réalisé un signalement auprès du procureur de la République sur le fondement de l'article 40 du code de procédure pénale. À la Ligue de la Réunion, des employées se font traiter de « salopes », mais rien ne se passe non plus. Comme je vous le disais plus tôt, je peux envoyer les documents prouvant que les élections à cette ligue ont été truquées et que le directeur juridique de la FFF les avait malgré tout validées.
Dans le football, les organes de contrôle ne sont pas indépendants. Je pourrais également vous parler de la Ligue de football et la direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) du football.
Le 27 mai 2015, Mme Loretta Lynch, ministre américaine de la justice, avait effectué une conférence de presse expliquant la corruption endémique, systémique et profondément enracinée dans le football, à l'étranger et aux États-Unis, notamment en lien avec les droits de télévision. Plus d'une cinquantaine de personnes ont été mises en examen aux États-Unis et dans une vingtaine de pays différents.
En France, aucune commission ne vérifie les deux principales sources d'argent dans le football : à savoir les transferts et les droits de télévision, qui génèrent des centaines et des centaines de millions d'euros. L'impunité est donc générale. Le club de Sochaux, institution du football, est en train de mourir parce que des dirigeants ont profité d'un train de vie délirant sans que les instances ne réagissent. La même mésaventure est intervenue à Sedan et à Cherbourg. Nous assistons aujourd'hui à la faillite du football français.