La France n'est pas le seul pays concerné. Au Canada, de nombreuses enquêtes sont menées actuellement dans différents sports, notamment sur les violences sexuelles exercées sur des jeunes. En Islande, quand il a été avéré qu'un viol avait été couvert par la fédération, l'intégralité du comité de direction avait démissionné. En France, personne n'a démissionné pour ces faits, et je suis la seule personne incriminée.
La Fifa souhaite développer depuis deux ans, avec l'ONU, un centre international contre les abus, en se fondant notamment sur les enquêtes que différents journalistes comme Suzy Wrackou, Ed Aarons ou moi-même avions menées pour The Guardian. Je tiens à aider les athlètes haïtiens ou gabonais qui font preuve d'un courage incroyable, et permettre de libérer la parole ; mais de son côté, la FIFA n'a toujours pas réalisé ce centre. Le projet tarde.
J'ai témoigné devant le tribunal arbitral du sport. À chaque fois, une ingérence politique intervient, car chaque fédération représente une voix à la Fifa. Dans le cadre de cette terrible affaire haïtienne dans un centre FIFA, j'ai révélé que l'ancien président de la FIFA, M. Joseph Blatter, avait reçu un cadeau sexuel en arrivant en Haïti : une employée de la fédération avait été forcée de coucher avec lui. M. Blatter ne m'a jamais attaqué et la FIFA n'a déclenché aucune procédure. Plusieurs victimes leur ont pourtant rapporté que le vice-président de la fédération haïtienne « donnait » des prostituées à des officiels de la FIFA et de la Confédération de football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf).
L'omerta est internationale, car beaucoup en ont bénéficié. Le niveau de dépravation est absolument incroyable. Je tiens à signaler – et je peux vous transmettre les documents – que la Fifa m'avait contacté pour me demander des informations liées à deux personnes de la FFF soupçonnées d'abus sexuels.