Cela dépend des fédérations. Chez nous, des radiations à vie sont intervenues, comme dans d'autres fédérations malgré tout. Parfois, les règlements ne le prévoient pas : par exemple, il me semble me souvenir que la fédération française de judo ne peut pas radier plus de trois ans. En effet, cette fédération avait pris une mesure de ce type contre une personne qui avait finalement été innocentée après procès. Elle avait ensuite porté plainte contre la fédération.
Il faut éclaircir les liens entre les procédures administratives, les procédures judiciaires et les procédures disciplinaires. À la FFH, nous sommes conscients que nous prenons des risques lorsque nous édictons une sanction, en tant que fédération. En notre âme et conscience, nous avons fait le choix de prendre ces risques et nous les assumerons même si un jour quelqu'un se retourne contre nous. En effet, la priorité porte sur la protection des licenciés. Malheureusement, un certain nombre de dirigeants l'ont oublié. Certaines fédérations craignent que les personnes se retournent contre elles, de même que la vox populi, dont la puissance est décuplée par les réseaux sociaux.
Lorsque les preuves sont indéniables, il n'y a pas de problème, mais de fait, dans ce genre d'affaires, c'est souvent « parole contre parole ». Dans ce dernier cas, prendre des sanctions dures comme des radiations à vie peut être difficile pour une fédération qui n'y est pas habituée.
Aujourd'hui, dans le milieu sportif, tout doit être transformé : les fédérations doivent rentrer dans le XXIème siècle. Car il ne s'agit pas uniquement de violences sexuelles, mais aussi de violences morales. Je pense notamment aux jeunes sportifs qui subissent des maltraitances morales, par exemple lors des entraînements. J'ai arrêté ma carrière d'handballeuse de haut niveau à 30 ans, car je n'en pouvais plus de la manière dont on me hurlait dessus, dont on me rabaissait en tant que femme. En effet, il y avait une trop grande différence entre les études que je suivais à Normale Sup et ce que je vivais sur le terrain.
Le milieu sportif doit effectuer une véritable révolution culturelle, sur tous les sujets que vous avez abordés. Je suis très contente que les commissions parlementaires s'occupent de plus en plus du sport. En effet, nous en sommes aussi là parce que, hier comme aujourd'hui, les gouvernants que vous êtes ont oublié de s'intéresser au milieu sportif. Je fréquente ce milieu depuis les années soixante-dix et pendant très longtemps, ce milieu faisait ce qu'il voulait, dans des espaces de non-droit.
Pendant longtemps, il n'y avait pas de convention collective – elle n'a été créée qu'en 2006 – parce qu'un ministre du travail l'a demandée. Pendant longtemps, les sportifs ont été payés en liquide, sans fiche de paie. C'est encore parfois le cas chez les filles. Pendant longtemps, personne ne s'est intéressé à nous, le milieu sportif a fait ce qu'il voulait et les présidents ont pris de très mauvaises habitudes.