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Intervention de Béatrice Barbusse

Réunion du jeudi 20 juillet 2023 à 10h25
Commission d'enquête relative à l'identification des défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport, du mouvement sportif et des organismes de gouvernance du monde sportif ayant délégation de service public

Béatrice Barbusse, auteure :

Je vous enverrai une série de noms par courrier électronique. Vous verrez qu'elles sont nombreuses. Les évènements qui se sont déroulés au CNOSF ces derniers mois ont révélé des attitudes anormales. Il serait bien que vous auditionniez certaines femmes, dont Mme Brigitte Henriques. Par ailleurs, il n'est pas toujours facile de s'exprimer publiquement, car vous courez le risque d'être marginalisée, voire exclue de fait. Or nous ne le voulons pas, tant le milieu sportif nous tient à cœur ; nous avons envie de le faire évoluer de l'intérieur.

Je peux d'ailleurs vous relater une anecdote me concernant. Il y a quelques mois, le président d'une fédération est venu voir le président de la FFH en lui disant « Tu peux dire à ta vice-présidente Béatrice Barbusse de se calmer, parce que sinon, ça ne va pas aller. » Mon cas personnel a été ainsi mis à l'ordre du jour d'un bureau directeur d'une grande fédération française parce que j'avais posté un tweet qui n'avait pas plu à cette fédération, alors qu'il ne s'agissait que d'une défense tout à fait légitime de la cause des femmes. Malheureusement, je pourrai vous citer de très nombreux exemples de ce type, que j'évoque dans la deuxième version de mon livre.

D'un point de vue qualitatif, la situation n'a pas beaucoup évolué dans le bon sens. Pendant six mois, de janvier à juillet 2021, j'ai mesuré les temps de parole des femmes et des hommes lors des réunions auxquelles j'assistais, au sein de ma fédération ou du CNOSF notamment. Les résultats sont implacables : quel que soit le nombre de femmes relatif et absolu au sein d'une réunion, la parole est prise à 75 % par les hommes.

Pendant cette période-là, j'ai assisté à une réunion du CNOSF. Il s'agissait d'un groupe de travail sur les sports féminins collectifs professionnels, pour essayer de les faire émerger un peu plus. Tous les sports collectifs féminins s'étaient ainsi associés. Ce jour-là, il y avait huit participants à la réunion, dont six femmes et deux hommes. Ces deux hommes, qui présidaient la réunion, l'ont ouverte en disant : « Il va falloir faire attention à ce que l'on dit, parce que nous sommes en minorité aujourd'hui. » Je n'ai pas émis de commentaire mais il ne me viendrait jamais à l'esprit d'entamer une réunion en tenant les mêmes propos inversés. À l'issue de cette réunion au cours de laquelle j'avais mesuré les temps de parole, j'ai dit aux deux représentants masculins qu'ils n'avaient pas à s'inquiéter : bien que minoritaires, ils avaient parlé pendant une heure, alors que les femmes n'avaient pris la parole que pendant quinze minutes.

Beaucoup de progrès demeurent donc à réaliser, sans parler des attitudes et des comportements à l'égard des femmes au sein du milieu sportif, qui est souvent très paternaliste. Il peut s'agir de gestes anodins dont certains diront peut-être qu'il s'agit de détails. Mais au bout d'un moment, ces détails font mal. Je pense par exemple à un président de fédération qui vient vous voir et vous prend la tête de manière paternaliste pour vous dire « Alors, comment vas-tu aujourd'hui ? » À chaque fois, j'ai envie de leur dire que je ne suis ni leur mère, ni leur femme, ni leur copine, ni leur sœur. Je ne me permettrais pas de demander à un président de fédération comment il va en lui caressant les cheveux.

Dans le même registre, une autre anecdote mérite d'être mentionnée. Au sein de ma fédération, tous les hommes sont habillés par Eden Park, sans aucun souci. Mais nous les femmes, en dix ans, nous n'avons pas réussi à avoir une tenue qui nous aille. Cet équipementier nous fournit en effet des costumes taillés pour les hommes. Nous avons fini par abandonner et nous nous habillons comme nous voulons désormais.

Ces exemples montrent que nous devons être en veille permanente, pour être sûres de ne pas être oubliées. Je pense vous avoir dressé un résumé le plus exhaustif possible, même si j'ai certainement oublié des éléments.

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