Madame Bregeon, EDF n'est pas une entreprise comme les autres, compte tenu de sa mission, mais elle est d'abord une entreprise. Elle doit donc pouvoir fonctionner, investir et vivre comme une entreprise avec ses clients.
La DPNT et DIPNN sont à l'heure actuelle deux piliers disposant de l'ensemble des composantes associées à leur périmètre de responsabilité. Ces piliers n'ont pas failli, mais l'enjeu qui nous attend est tel qu'il nous faut être capable d'industrialiser et de mutualiser les moyens, notamment sur les aspects qui sont appelés à monter en puissance industrielle. Au sein du parc nucléaire et thermique, nous arrivons aujourd'hui à réduire nos délais d'arrêt simple. Désormais, le défi consiste à comprimer dans les délais les plus courts possibles les arrêts compliqués, comme les arrêts liés aux visites décennales, qui sont des chantiers complexes impliquant 2 500 personnes.
Aujourd'hui, pour mobiliser l'ensemble des compétences nécessaires à la réussite de ces chantiers dans les délais les plus courts possibles, un certain nombre de moyens sont mobilisés par la DPNT. Demain, nous devrons nous assurer d'avoir les mêmes moyens dans un environnement où, parallèlement, se dérouleront deux ou trois chantiers nécessitant 10 000 à 12 000 personnes simultanément. Nous devons donc garantir que l'ingénierie puisse couvrir à la fois les besoins de l'exploitation et ceux de la construction neuve.
La stratégie « Cap 2030 » a ouvert de nombreuses perspectives à EDF et a permis d'avancer sur plusieurs chantiers, mais il nous faut redéfinir notre projet d'entreprise dans un environnement postérieur à la crise énergétique, au discours de Belfort du Président de la République et à la découverte des problèmes de corrosion sous contrainte. Le monde sera donc différent et il nous faut formuler le projet d'entreprise en tenant compte des éléments nouveaux.
Monsieur Tanguy, je ne sais pas à quoi les journalistes de CNews faisaient référence. Nous allons naturellement chercher un dispositif de financement le plus optimal possible. Quand nous parlons d'avance remboursable, nous faisons bien référence à des capacités de taux bas que seul l'État peut apporter.
Madame Louwagie, nous avons programmé 10 000 recrutements dans la filière nucléaire par an. Nous mettons en œuvre une planification régionale, notamment pour attirer les collégiens vers nos métiers et leur donner envie d'être techniciens ou ingénieurs. Nous concentrons beaucoup d'efforts sur cette phase du développement, dans le cadre d'une collaboration très étroite avec l'Éducation nationale et l'ensemble des formations en alternance. Nous menons également des partenariats très précis avec un grand nombre de collèges et de lycées, selon un maillage territorial très fin. L'ensemble de nos salariés vont être également mobilisés à cet effet.
Mesdames Ferrari et Battistel, l'hydroélectrique a une longue histoire chez EDF. Le pays dispose d'un potentiel dans ce domaine, qui ne nécessite pas nécessairement la construction de nouveaux barrages, mais peut passer par des stations de pompage ou par des réhausses. L'ensemble des opérateurs français opèrent dans le cadre du régime des concessions, quand la plupart des pays européens utilisent le régime des autorisations. De longue date, les autorités françaises ont des échanges avec les autorités européennes sur l'avenir du régime des concessions. Or le régime des concessions en lui-même bloque les investissements qui ne sont pas prévus dans le cahier des charges d'origine.
Globalement, à long terme, il est vraiment important d'avoir une politique hydroélectrique permettant d'anticiper sur davantage d'intermittence dans le système électrique et donc de le rendre plus robuste, tout en ayant une gestion plus durable de la ressource en eau. Pour cette raison, le basculement de l'ensemble du régime des concessions de tous les opérateurs vers le régime des autorisations nous semble souhaitable. En effet, dans ce dernier cas, chacun des opérateurs est en mesure d'investir indépendamment de la durée de l'autorisation. La plupart des pays européens bénéficient de cette faculté.
Naturellement, c'est une proposition d'EDF et il appartiendra au Gouvernement, au Parlement et aux autorités communautaires de prendre les décisions.
La quasi-régie constitue une solution alternative qui présente à nos yeux certains inconvénients. En effet, elle s'inscrit encore dans le régime des concessions, sans répondre aux problèmes que nous avons soulevés, et elle induit quelques considérations de gestion pour l'entreprise qui ne sont pas sans conséquences industrielles.
Monsieur Brun, je n'ai pas connaissance de la note que vous avez évoquée, qui est interne au ministère des finances. Elle doit faire référence à des négociations antérieures à ma nomination. À ce stade, nous privilégions une approche permettant à EDF de développer son projet industriel en demeurant raisonnablement dans les règles de marché européennes. Ceci limite par nature toute forme de discussion avec la Commission européenne sur des contreparties. Le jour où nous solliciterons une nouvelle forme d'aide d'État pour le financement du nouveau nucléaire, cette dernière devra être négociée avec la Commission européenne. Le faire sur un investissement nouveau comme le sont la totalité des investissements européens en matière d'énergie ne différenciera pas EDF de ses concurrents.
Il n'y a pas de nouvelles particulières sur les turbines Arabelle. Nous sommes dans l'attente des autorisations des différentes juridictions qui doivent se prononcer sur ce projet.
Monsieur Amiel, tous les éléments que vous avez cités participent des principes qui doivent guider la formation de contrats de long terme. C'est le cas dans toute forme de fourniture commerciale, notamment quand on parle de commodités. Le fait d'avoir cette approche commerciale avec différents types de clientèle permet également de faire exprimer par chacun ce qu'il souhaite exactement. Un industriel de l'aluminium ne demande pas les mêmes caractéristiques d'électricité, d'interruptibilité et de flexibilité qu'un industriel de l'acier ou du ciment. La flexibilité fait intrinsèquement partie d'une approche contractuelle et bénéficie évidemment aux clients et aux producteurs, et par conséquent au système électrique.
Madame Duby-Muller, nous nous intéressons aux différentes formes d'initiatives qui touchent les différentes technologies de l'énergie. Notre mission consiste en effet à produire aujourd'hui et à long terme la meilleure énergie décarbonée pour notre pays. Nous regardons avec des partenaires et des start-up les projets qui peuvent faire émerger ces technologies alternatives. Ensuite, nous intégrons le retour d'expérience des réacteurs que nous avons construits en Finlande et je suis très heureux de pouvoir vous dire que les réacteurs d'Olkiluoto ont été transférés à l'opérateur et lui donnent satisfaction.
Monsieur Rolland, puisque nous entrons dans une phase d'investissement très significative, le terme de « rente nucléaire » qui fait référence au passé ne me semble pas adapté. Nous devons trouver un consensus national sur la formation des prix futurs, mais il doit intégrer l'ensemble de l'économie du nucléaire, y compris l'investissement dans le nouveau nucléaire.
S'agissant des barrages, j'espère avoir répondu. Il y a évidemment du potentiel nouveau en ce domaine, y compris en Savoie.
Madame Dalloz, nous intégrons les évolutions de la demande et notre propre analyse est assez convergente avec celle de RTE. Elle intègre également une évolution qui doit toujours tendre vers l'efficacité énergétique. Nous considérons en effet que le potentiel d'efficacité énergétique n'est pas à son plein rendement aujourd'hui. Nous pensons qu'il doit pouvoir s'exprimer davantage dans les années à venir pour contribuer à l'équilibre offre-demande.
Nous avons des projets pour augmenter la capacité de pompage à Vouglans, avec l'installation d'un nouvel équipement à Saut-Mortier. Ce projet permet de refroidir le Rhône l'été, de soutenir l'étiage, d'avoir une capacité de stockage hydroélectrique et de retenir l'eau en amont.
En matière de compensation par l'agence de l'eau, selon moi, il n'y a pas de compensation électrique.
Monsieur Sitzenstuhl, nous avançons sur le projet de technocentre à Fessenheim, qui est un projet industriel majeur pour EDF et pour le pays. La première application aura lieu à Fessenheim mais permettra de nous doter de compétences durables pour créer une capacité industrielle que l'on nous enviera un jour.
Quand nous démontons à présent des turbines qui ont été installées en 1950, cela démontre que nos anciens ont effectué un travail remarquable. La technologie et la robustesse des mécanismes sont de très haut niveau. La technique hydroélectrique, qui fournit en l'occurrence plus d'une dizaine de térawattheures par an sur la base d'une installation qui a soixante-dix ans, mérite d'être entretenue et développée. Barrage par barrage, nous effectuons donc les premières grandes visites. L'état des machines démontées est vraiment remarquable. Cela nous inspire.
S'agissant de Taishan, nous sommes coactionnaires avec CGN (China General Nuclear Power Group) et il n'y a donc pas de prise en charge particulière par EDF. Mais nous sommes également partenaire industriel à travers Framatome et nous travaillons donc avec eux dans l'ensemble de l'exploitation des sites de Taishan.