M. Rémont, je vais aller droit au but avec une série de questions. La première est la suivante : de combien de nouveaux réacteurs parle-t-on ? S'agit-il de six, de quatorze ou davantage dans les vingt ou trente prochaines années ?
Ensuite, nous savons que les quelques réacteurs EPR qui fonctionnent dans le monde ont connu de gros retards et de gros dérapages budgétaires. Ne peut-on pas s'attendre par conséquent aux mêmes types de difficultés ? Vous avez parlé notamment du fait que nous avons du mal à produire certaines pièces. Le PDG de Framatome me répondait, il y a quelques mois en audition ici même, qu'à l'heure actuelle, il ne sait pas produire par exemple les couvercles des cuves. De même, sur les EPR construits, vous avez été obligés de faire appel à Mitsubishi, un constructeur japonais. Si nous sommes dans la main d'un industriel japonais pour construire les prochains EPR, comment faisons-nous pour nous assurer de la maitrise des coûts ?
Ma question suivante porte sur le chiffrage du grand carénage qui, il me semble, était engagé antérieurement aux problèmes de corrosion sous contrainte que nous avons rencontrés. Y a-t-il eu une mise à jour du coût de la prolongation du parc existant ? Toujours s'agissant du chiffrage, EDF doit provisionner également pour le traitement des déchets et le démantèlement des centrales qui finira bien par arriver même au bout de cinquante ou soixante ans.
Ensuite, il a été question des CFD, ces contrats pour différence qui seraient une forme de soutien de l'État. Par conséquent, est-il nécessaire de se contraindre à passer par le marché si l'État offre finalement un soutien. Récemment, vous avez dit qu'EDF n'avait pas été nationalisé mais avait simplement connu un rachat d'actions par l'État, qui se retrouve être le seul actionnaire. Le regrettez-vous, d'une certaine façon ? S'il y avait une nationalisation et peut-être un retour au statut d'établissement public industriel et commercial (EPIC) d'EDF, cela ne permettrait-il pas à l'État de financer directement les investissements nécessaires ?
Par ailleurs, pouvez-vous expliquer ce que vous appelez un client qui achète un réacteur ? Cela ressemble-t-il au contrat Exceltium ? Est-ce différent ? Quel bilan peut-on faire du contrat avec Exceltium ?
S'agissant des contrats d'achat d'électricité ou Power Purchase Agreement (PPA), pouvez-vous nous confirmer qu'ils concernent des gros consommateurs qui vont bénéficier de tarifs avantageux dont ne vont pas bénéficier les autres consommateurs comme les foyers, les TPE/PME, les collectivités ? Avez-vous sondé l'existence de candidats potentiels, c'est-à-dire des industriels prêts à s'engager sur des gros volumes et sur plusieurs années, sachant les aléas de construction des réacteurs, alors que vous avez bien rappelé les défis auxquels EDF doit faire face ? Ne serait-il pas plus simple, puisqu'on partage les objectifs de visibilité et de stabilité, de revenir à des tarifs réglementés de vente établis sur les coûts de production avec le statut d'EPIC dont je parlais tout à l'heure ?
Enfin, à quel prix du mégawattheure faudrait-il vendre votre électricité pour que ce soit soutenable ? Une fois que l'on aura mis tant d'argent dans le nucléaire, que restera-t-il pour développer les renouvelables dont on sait qu'il faudra largement augmenter leur capacité, comme RTE l'indique, même dans le scénario le plus nucléarisé ?