Intervention de Géraldine Grangier

Réunion du mercredi 19 juillet 2023 à 13h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGéraldine Grangier :

Il y a quelques mois, EDF a publié de très mauvais résultats pour l'année 2022, avec une perte nette de près de 18 milliards d'euros. L'endettement atteint ainsi le niveau record de 64,5 milliards d'euros. Dans le même temps, les prix de l'énergie ont connu une hausse exceptionnelle l'année dernière et ceux de l'électricité ont atteint des niveaux record en France pendant l'été dernier. Une augmentation totale de plus de 25 % est aussi prévue début août.

Malheureusement, EDF n'a pas pu profiter de cette hausse de prix en raison d'un taux d'indisponibilité du parc nucléaire élevé. Au contraire, le groupe a été obligé d'acheter de l'électricité (13,8 térawattheures), mais aussi du gaz sur les marchés à des prix exorbitants. La France a donc été pour la première fois depuis 1980 importatrice nette d'électricité en 2022, au plus mauvais moment.

Plusieurs raisons expliquent cette indisponibilité : les visites décennales, les travaux de maintenance ou encore le phénomène de corrosion sous contrainte. La production nucléaire est donc passée de 361 térawattheures à 279 térawattheures entre 2021 et 2022, soit son plus bas niveau depuis 1988. Pour ne rien arranger, l'État a obligé EDF à vendre davantage d'électricité à bas prix (42 euros en moyenne le mégawattheure) à ses concurrents fournisseurs alternatifs. Dans l'immédiat, l'essentiel est de rétablir dans les meilleurs délais l'intégralité durable de la production électrique d'EDF. La construction des six nouveaux réacteurs a été actée par la loi relative à l'accélération des procédures liées à la construction des nouvelles installations nucléaires, mais bien que « nationalisé », EDF devra trouver de nouveaux financements.

Cela suppose aussi de mobiliser et de reconstituer toute une filière qui va devoir former et recruter des milliers d'ingénieurs et de techniciens. La ministre de la transition énergétique a avancé la date de 2027 pour la première coulée de béton et de 2035-2037 pour la mise en service des deux réacteurs à Penly. Toutefois, les calendriers en matière de construction de centrales nucléaires et leurs budgets sont bien souvent dépassés, comme en témoigne l'EPR de Flamanville.

Il est donc important de pouvoir compter sur le parc existant des cinquante-six réacteurs. C'est la raison pour laquelle EDF doit rapidement apporter la preuve que leur durée de vie pourra être prolongée au-delà de cinquante ans et financer de lourds investissements pour en assurer la prolongation. EDF, déjà largement endetté sur les marchés financiers, ne peut plus reproduire ce schéma. Comment envisagez-vous le financement de la construction des six nouveaux EPR nouvelle génération ? Pourriez-vous retenir la proposition d'un fonds volontaire auquel souscriraient les Français pour un taux d'intérêt de 2 à 3 %, ou comme l'a suggéré mon collègue Jean-Philippe Tanguy en discuter avec la Banque centrale européenne (BCE) ?

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