Intervention de Emmanuel Lacresse

Réunion du mercredi 19 juillet 2023 à 13h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuel Lacresse :

Durant la décennie 2030, EDF sera constructeur et opérateur de capacités nucléaires nouvelles de la nation, ce qui nécessite une filière industrielle à reconstruire. Vous êtes chargé par le président de la République qui vous a choisi de mener de nouveau EDF vers la stabilité. Vous avez rappelé les dimensions essentielles de l'équation financière dont vous avez la charge.

Trois sources de financement sont possibles : l'usager, le contribuable et l'investisseur. La première option serait de tout faire payer au consommateur, par avance. Le Gouvernement ayant réussi cet hiver à protéger les ménages contre l'augmentation des prix de l'énergie, nous aurions un fort contraste. Nous voulons aussi réindustrialiser et éviter de ralentir le passage à une économie décarbonée qui serait essentiellement alimentée par la production électrique. Ne faut-il donc pas limiter la réflexion à des contrats de long terme dont vous avez évoqué les tenants et aboutissants européens ?

La deuxième option est un financement par le budget. Ne faut-il pas isoler, comme dans les transports ou comme pour le Grand Paris, des organismes donneurs d'ordre dédiés, segment par segment, notamment pour les infrastructures de transport d'électricité, dont une bonne partie reste à construire et qui peuvent d'ailleurs faire débat dans les territoires. Peut-on penser au GPI (Grand plan d'investissement), à des fonds et des agences pour les premiers EPR et leur raccordement ?

Vous avez évoqué les avances remboursables. Lorsque l'État a soutenu l'A380 d'Airbus, les programmes avaient une taille financière commensurable, avec des durées et des risques technologiques comparables. À l'avenir, les lois de finances vont probablement dessiner une véritable planification énergétique de ce point vue.

La troisième source de financement est le marché. L'État dispose d'instruments comme Bpifrance ou la Caisse des dépôts et consignations pour soutenir la filière des industries de base. On a le sentiment qu'une partie de la solution consistera à soutenir par les financements de marché chacune des entreprises qui seront choisies comme fournisseurs d'EDF, à la fois dans les infrastructures et dans la mise en place des capacités. Les acteurs internationaux de la construction dans ce secteur peuvent être sollicités. L'épargne nationale peut constituer, grâce à un fonds technologique dédié au soutien à ces entreprises, un vecteur pour renforcer l'indépendance nationale, la confiance, la science et les capacités technologiques d'EDF.

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