Même si j'ai eu peu de temps pour consulter le rapport, je partage les constats qu'il dresse. Je suis en revanche plus perplexe sur un certain nombre de points. Sur un plan sémantique, par exemple, nous ne parlons pas quant à nous des « peuples » d'outre-mer mais des populations. Il y a un peuple français, formé de plusieurs populations.
Des propositions sont intéressantes s'agissant des zones franches ou de l'application de mécanismes en vigueur aux Açores ou ailleurs concernant la mobilisation des fonds européens afin de créer des emplois locaux.
Outre la question des frais bancaires, votre réflexion devrait également tenir compte de celle des tarifs de communication puisque les mêmes opérateurs, à Mayotte et à La Réunion, pratiquent des tarifs différents dans ces deux territoires.
Tel que défini, le modèle économique me laisse également un peu perplexe. Je prendrai la liberté de vous envoyer une contribution car nous considérons que les Outre-mer n'ont pas besoin d'une plus grande autonomie mais d'une plus grande présence de l'État qui, dans certains domaines, est défaillant. Le problème des ultramarins, ce n'est pas tant la connaissance des problèmes qui se posent que le retard des solutions attendues. Oui, il faut agir vite ! Ainsi, nous ne découvrons pas les problèmes d'immigration à Mayotte mais nous avons mis dix ou vingt ans avant de chercher à les résoudre ! Du coup, tout le monde s'est ému des initiatives qui ont été prises alors qu'elles allaient dans le bon sens. Nous devons donc réfléchir au modèle économique que nous voulons.
J'insiste également sur les aspects institutionnels. Aux Antilles, la volonté d'autonomie est palpable. Telle n'est pas l'orientation politique des Mahorais. Nous, nous avons connu l'autonomie. Avec les Comores, Mayotte a été une collectivité d'outre-mer autonome au point de pouvoir contrôler la nomination d'un recteur, d'un colonel de gendarmerie, d'un procureur. Nous avons vu les résultats… Une telle autonomisation conduit à l'indépendance et ce n'est pas la direction que Mayotte veut prendre, laquelle est fière d'être un département français et entend le rester. Dans ce rapport sur le thème de la vie chère, la question institutionnelle revient comme un cheveu sur la soupe à travers des revendications certes légitimes aux yeux de ceux qui les expriment mais auxquelles je ne peux adhérer.
Je ne voterai pas en faveur de l'adoption de ce rapport mais, comme un certain nombre de mes collègues, je m'abstiendrai afin qu'il soit publié car, avec d'autres, nous nous sommes battus pour que cette commission d'enquête soit constituée.