Au lieu de commencer par vous poser une question, madame la secrétaire d'État, je vais d'abord y répondre moi-même : vous aurez bien sûr tout le loisir de revenir sur nos divergences. L'engagement est-il unique ? La réponse est bien évidemment non. C'est pourtant le contraire qui se dessine en filigrane du SNU ; ce qui s'y dessine, c'est l'uniformisation d'une classe d'âge en uniforme. Moi qui ai passé un an sous les drapeaux, je ne vois toujours pas l'intérêt d'un service réduit à une portion aussi congrue. L'expression « classes engagées » suggère d'ailleurs que seuls les élèves qui ont fait le SNU seront engagés, ou, du moins, cocheront les cases de votre vision de la société. Pourtant, les engagements de nos jeunes dans la vie familiale, scolaire, associative, militante, citoyenne, ou encore pour une cause ou dans leur commune, sont divers et il faut les reconnaître comme tels.
Vous avez déclaré, dans l'émission Télématin, que plus il y aura de jeunes qui feront le SNU, mieux le pays se portera. Ce serait si facile ! Je ne puis souscrire à des propos aussi réducteurs. Élargissez votre point de vue, sans promouvoir l'embrigadement et la pensée unique ! Notre pays ira mieux en offrant à la jeunesse le choix et, surtout, la confiance. Parfois, lorsque les jeunes s'engagent pour le climat et pour leur avenir, on les qualifie d'écoterroristes. Il y aurait donc les bons et les mauvais engagements. Les crédits supplémentaires attribués au SNU – comme les 1 000 euros par classe engagée – ou les rémunérations des encadrants par le pacte enseignant le seront-ils au détriment d'autres missions de l'Éducation nationale ou du soutien à la vie associative et à l'éducation populaire ? Le prix à payer me semble exorbitant, pour un objectif aléatoire ou illusoire : douze jours pour la cohésion et la mixité et pour l'engagement. Je préférerais, à titre personnel, que l'on encourage toutes les formes d'engagement – en particulier le service civique –, pour faire enfin confiance aux jeunes de ce pays.