Je pense avoir déjà répondu à certaines questions. M. le député Ratenon, vous m'avez interrogé sur les déclarations du groupe GBH. Comme je l'ai dit au préalable, le pluralisme concurrentiel n'existe pas à La Réunion. Le groupe Hayot possède l'enseigne Carrefour et il est bien en situation dominante, avec une part de marché que j'estime entre 37 et 38 %, devant l'enseigne Leclerc, située 7 à 8 points derrière. Ces deux enseignes détiennent ainsi les deux tiers du marché. De façon objective, en matière d'analyse de concurrence, on ne peut pas dire qu'il y a un marché concurrentiel quand les deux tiers du marché sont détenus par deux acteurs.
Encore une fois, mes rapports parlent d'une situation à la fin de l'année 2022. L'un de plus gros hypermarchés de La Réunion est l'hypermarché Carrefour de Sainte-Clotilde. J'avais estimé son chiffre d'affaires à 145 millions d'euros, en l'absence d'informations transmises par la direction. Mais il s'avère que cette estimation s'est avérée exacte. En effet, les délégués syndicaux du groupe Hayot se sont plaints récemment de ne pas avoir suffisamment de primes. À cette occasion, ils ont exigé de recevoir le chiffre d'affaires du magasin, qui s'est établi à environ 150 millions d'euros en 2022. C'est donc bien fin 2022 que doivent être examinés les effets réels de cette opération : cela n'a pas de sens de le faire à la fin 2021.
Je maintiens, je persiste et je signe et je constate que dans ses observations, le groupe Hayot n'a pas fourni d'éléments de nature à contredire mes propos. Il serait d'ailleurs très mal fondé de le faire, puisqu'il a refusé de me fournir ses données, quand tous les autres ont accepté de le faire. Les dirigeants de GBH vous ont dit qu'ils ne m'avaient pas transmis ces chiffres car ils considéraient que j'étais partisan. Pour ma part, je pense même que la part de marché que j'ai estimé est sans doute sous-évaluée.
Ensuite, cette histoire est terrible parce qu'après les abandons de créances, cette affaire ne marchera pas mieux. En effet, ces quatre hypermarchés sont dans une situation structurellement déficitaire. IBL sera confronté au même problème, sauf s'il accepte de perdre de l'argent. Ces quatre hypermarchés sont en effet très fortement exposés à la concurrences des deux mastodontes. Deux ans plus tard, le nouvel acteur a ainsi dû être sauvé par la puissance publique et va se retrouver entre mains d'un groupe mauricien. Je compatis à la douleur de mes compatriotes réunionnais qui se demandent s'il aurait été possible de faire mieux. Je suis convaincu que la présidente de la région, comme les services de l'État, auraient pu agir autrement.
M. le député, je pense donc que cette opération de reprise ne suffira pas à faire de cette enseigne une enseigne profitable. L'ironie de l'histoire est que deux acteurs avaient montré leur intérêt pour la reprise : le groupe Système U et le groupe Caillé, qui possède l'enseigne Leader Price. Or, si Système U avait obtenu deux ou quatre de ces hypermarchés, les cartes auraient été rebattues à La Réunion. C'est un peu désespérant, parce qu'en agissant comme elle l'a fait, la puissance publique a fragilisé un acteur.