Le rapporteur reste droit dans ses bottes, comme depuis le début de la discussion, et le ministre ne s'exprime pas. Pourtant, cet amendement est intéressant et permet d'évoquer à nouveau le projet de la contracyclicité, que nous réprouvons. Depuis tout à l'heure, nous parlons d'une prétendue contracyclicité qui aurait des effets favorables sur le retour à l'emploi. Or vous savez très bien qu'il n'en est rien !
Ce ne sont pas les exigences salariales excessives qui rendent nécessaire la protection chômage ; ce n'est pas parce qu'on perçoit une indemnité chômage qu'on refuse de reprendre un emploi. Vous le savez – toutes les études de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) le montrent.
Lorsque j'examine le détail de la contracyclicité, je m'interroge. Quel élément permet de juger que la position dans le cycle est mauvaise ou bonne ? Est-ce la croissance du PIB, le taux de chômage, le ratio d'emplois vacants ? De nombreux indicateurs sont envisageables, mais chacun a ses défauts.
Vous créez une usine à gaz, que le Parlement sera incapable d'évaluer. Tout en le reconnaissant, d'une certaine manière, vous omettez la nature assurantielle de l'indemnité chômage. Il s'agit d'un droit pour tous les salariés ; elle doit dépendre du nombre de jours travaillés. Vous avez déjà en partie renoncé à appliquer ce principe avec la réforme de 2019, entrée en vigueur en 2021 ; vous voulez en amplifier l'effet en imposant aux travailleurs les plus précaires le malus le plus important.
C'est une évidence, vous pénaliserez ceux dont l'emploi est le plus intermittent, donc les plus exposés.