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Intervention de Chrysoula Zacharopoulou

Réunion du mercredi 19 juillet 2023 à 17h05
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d'État auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux :

C'est un grand honneur pour moi d'être parmi vous aujourd'hui. Les droits des femmes sont l'engagement de toute ma vie, et j'ai d'ailleurs choisi le métier de gynécologue pour promouvoir la santé des femmes. Comme médecin et comme ancienne présidente d'une association, je me suis battue avec détermination pour faire connaître l'endométriose. Le Président de la République a fait de cette maladie, qui touche une femme sur dix, un enjeu de santé publique.

Comme députée européenne je me suis battue pour les droits des femmes, j'ai lutté contre toutes les violences à leur égard et j'ai défendu l'idée d'une diplomatie féministe ambitieuse. Je l'ai fait également en tant que rapporteure du plan d'action de l'Union européenne en matière d'égalité entre les femmes et les hommes et je poursuis ce combat en tant que secrétaire d'État auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Depuis 2019, sous l'impulsion du Président de la République et dans le prolongement de son engagement national, nous avons une diplomatie féministe. Dans le monde, une douzaine de pays soutiennent cette vision. Elle est particulièrement importante car, en cas de conflit, les femmes sont toujours les premières victimes. Elles le sont aussi en cas de crise, que celle-ci soit sanitaire, alimentaire ou climatique. Les femmes sont également des cibles dans la montée des conservatismes et des forces réactionnaires.

Trente-cinq États ont signé la Déclaration de consensus de Genève, texte antiavortement soutenu à l'époque par le président Donald Trump. Nulle part et à aucun moment, les droits des femmes ne sont acquis : je l'ai constaté dans les cinquante-cinq pays que j'ai pu visiter en quatorze mois. Au Niger, et d'ailleurs dans l'ensemble du continent africain, les inégalités sont criantes concernant l'accès à l'éducation ou à l'eau. J'ai observé les souffrances des femmes autochtones en Colombie ou des femmes victimes de violences en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

La diplomatie féministe n'est pas qu'un slogan. La France défend les droits des femmes dans le cadre des conflits. Lorsqu'elle évoque les questions de climat, d'agriculture ou de santé, elle promeut l'inclusion des femmes. Dans tous les entretiens bilatéraux et dans toutes les enceintes multilatérales, la défense des droits des femmes constitue une priorité. Nous ne tenons pas ce discours pour nous donner bonne conscience, mais parce que notre pays est très respecté pour les valeurs qu'il incarne. La France est une voix forte sur la scène internationale, particulièrement dans cette période où le monde connaît de multiples bouleversements. Nos partenaires attendent que nous prenions position à ce sujet, comme me l'ont confirmé les défenseurs des droits des femmes que j'ai rencontrés lors de mes déplacements dans tous les continents.

Les droits des femmes sont au cœur de notre politique de développement. Plus de 60 % des projets que nous finançons dans le cadre de l'aide au développement ont un impact positif sur l'égalité des genres. Vous avez auditionné une représentante de l'Agence française de développement (AFD). Nous soutenons, notamment par ce biais, des dizaines de projets concrets à travers le monde. Nous avons par exemple contribué à l'ouverture d'une nouvelle maternité à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), pour permettre aux femmes d'accoucher avec dignité, dans un environnement préservant leur santé et celle de leurs bébés.

Je suis fortement engagée dans la promotion de l'éducation. Au Niger, le président Bazoum a fait de l'éducation des filles une priorité. La moitié de notre contribution au Partenariat mondial pour l'éducation, qui s'élève à 333 millions d'euros, est destinée à soutenir l'éducation des filles. Dans les différents pays où nous intervenons, nous travaillons avec la société civile locale. Nous en sommes fiers, car nous sommes convaincus que l'émancipation des femmes passe par l'implication des acteurs locaux. Le fonds de soutien aux organisations féministes a ainsi mobilisé 133 millions d'euros pour accompagner près d'un millier d'associations féministes dans des pays partenaires, notamment en Afrique. Nous allons le pérenniser.

La France défend également l'entrepreneuriat des femmes. Conformément à l'engagement pris par le Président de la République lors du G7 à Biarritz, nous avons soutenu la Banque africaine de développement et l'initiative Afawa – Affirmative Finance Action for Women in Africa –, qui vise à favoriser l'accès des femmes au financement. Lors de nos échanges vous pourrez d'ailleurs me donner vos impressions sur votre déplacement au Sénégal.

Il me semble également important d'aborder la question de la santé sexuelle et reproductive, qui constitue une priorité absolue. Entre 2021 et 2025, nous allons investir 400 millions d'euros pour promouvoir l'éducation à la sexualité, ainsi que l'accès à la contraception et à un avortement sûr et légal. La France se bat avec détermination contre toutes les atteintes faites aux droits sexuels et reproductifs. Elle le fait au niveau international, notamment dans le cadre des Nations unies. Elle le fait aussi au niveau européen, car malheureusement, même sur notre continent, les conservateurs gagnent du terrain.

En matière de santé des femmes et des enfants, le fonds français Muskoka a déjà bénéficié à 160 millions de personnes. Il permet de mener des actions décisives pour l'accès aux soins, la vaccination ou la formation des professionnels de santé. Certains d'entre vous ont pu constater certaines de ces réalisations il y a quelques semaines. Je vous remercie pour les courriers que vous m'avez adressés à l'issue de vos visites. Soyez assurés de la poursuite de l'engagement de la France dans ces domaines ! Nous continuerons à privilégier une stratégie centrée sur les individus et leurs droits.

La diplomatie féministe consiste à défendre les droits des femmes dans toutes les circonstances. La France promeut l'agenda « Femmes, paix et sécurité » au Conseil de sécurité des Nations unies comme au niveau européen. Notre pays a fait adopter des résolutions qui appellent les États à renforcer la protection des femmes et des filles pendant les conflits et à accroître la participation des femmes aux processus de paix. Elles en sont trop souvent absentes, alors qu'elles pourraient être au cœur des solutions !

Nous avons souhaité – et obtenu – l'exclusion de l'Iran de la commission de la condition de la femme et soutenu la résolution du Conseil de sécurité qui a condamné à l'unanimité l'inacceptable politique de ségrégation menée en Afghanistan.

Nous soutenons évidemment les femmes ukrainiennes, grâce à une contribution de 4 millions d'euros au fonds dédié de l'ONU et à l'aide que nous apportons aux policiers ukrainiens qui enquêtent sur les affaires de viols.

Pour toutes les femmes victimes de conflits, nous contribuons au fonds mondial pour les survivants. Créé à l'initiative de mon confrère, le docteur Mukwege, et de Nadia Murad, il a été lancé au sommet du G7 de Biarritz.

Afin de démultiplier les effets de notre diplomatie féministe, nous menons une action permanente de mobilisation de nos partenaires internationaux. En 2019, nous avons coprésidé, avec le Mexique, le Forum Génération Égalité. Celui-ci a permis de débloquer plus de 40 milliards de dollars de financements inédits et de recueillir plus d'un millier d'engagements en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes au niveau mondial.

Lorsqu'elle a assuré, au premier semestre 2022, la présidence du Conseil de l'Union européenne, la France a fait des droits des femmes une priorité. Alors qu'elles étaient bloquées depuis des années, les négociations ont enfin pu aboutir concernant la transparence en matière d'égalité salariale dans les vingt-sept États membres ou l'obligation d'avoir au moins 40 % de femmes siégeant dans les conseils d'administration.

Le réseau des pays soutenant une diplomatie féministe se réunit régulièrement. J'ai participé à des rencontres avec certains de mes homologues aux Nations unies. Il y a deux semaines, la ministre Colonna s'est rendue en Mongolie.

En 2024, la France aura l'honneur d'accueillir le sommet de la francophonie. J'aurai besoin de vous, car cet événement constituera, ainsi que les Jeux olympiques, un moment majeur. Puisque toute la planète se retrouvera ici, chez nous, l'égalité entre les femmes et les hommes aura l'opportunité d'être placée en haut de l'agenda.

Pour mener une diplomatie féministe, il faut une diplomatie féminine. En 2011, la France comptait 11 % d'ambassadrices. Elles sont aujourd'hui 36 % et certaines sont en poste à l'OTAN, à Londres ou au Brésil. Nous devons continuer à nous améliorer et poursuivre nos efforts, notamment pour mieux faire connaître ces métiers.

Nous utilisons tous les outils à notre disposition et nous nous appuyons sur tous nos partenaires pour accroître la mobilisation internationale et obtenir des avancées concrètes. Le sujet est complexe, car il dépend de beaucoup de facteurs, notamment culturels et religieux, et qu'il renvoie à des modèles de société différents. Il est à la fois passionnant, vertigineux et frustrant. Nous aimerions faire plus et surtout plus vite.

Mesdames les députées, je connais beaucoup d'entre vous, votre engagement au niveau national et au niveau international et la force que vous avez pour mener des batailles, y compris dans notre territoire. Je suis à votre disposition pour concevoir des événements, faire connaître la diplomatie féministe française et convaincre d'autres pays de s'engager dans cette voie.

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