Vous avez été nombreux à m'interroger sur la publicité. La publicité sur le service public représente 10 % du marché publicitaire télévisé. Cependant, nous avons des règles particulières : nous ne coupons pas les œuvres, nous sommes limités en temps de publicité par rapport au privé. Par conséquent, nos espaces ont une valeur particulière pour les annonceurs et notre régie, qui est par ailleurs très efficace, parvient à maintenir un chiffre d'affairesélevé. De plus, la qualité des programmes que nous proposons peut séduire certains annonceurs.
Personne ne m'a entendu demander plus de publicité sur le service public. Le statu quo me semble être un très bon compromis. Je sais que le marché publicitaire est difficile pour les chaînes commerciales, dont on sent l'inquiétude. Par ailleurs, notre régie est très à la pointe sur les sujets de publicité adressée. La publicité représente 15 % de nos ressources, ce qui n'est pas rien. Cependant, elle ne guide, ni n'entrave aucun de nos choix éditoriaux. Cette situation diffère grandement des chaînes privées, où la publicité détermine les programmes.
Vous m'avez également interrogé sur la mixité, qui est un objectif dans notre contrat d'objectifs et de moyens. Comme je l'ai indiqué précédemment, notre objectif consiste à recevoir autant de femmes expertes que d'hommes experts, alors qu'il y a encore quelques années, nous n'étions qu'à 25 %. Cela concerne notamment les émissions en plateau, par exemple « C dans l'air ». L'Arcom veille à l'exécution de ces objectifs. Cette image ne représente pas la société, puisqu'il n'existe pas aujourd'hui un équilibre dans la société. Lors de la pandémie, de nombreux médecins sont venus sur nos plateaux. Mais il y a beaucoup plus de professeurs de médecine hommes à l'AP-HP que de professeures femmes. À l'époque, elles n'étaient que 18 %. Il n'y avait donc pas d'équilibre « naturel ». C'est en cela que je dis que nous ne sommes pas le reflet de la réalité.
J'ai déjà répondu à la question de la représentation de la diversité de notre société. Nous avons des objectifs sur la représentation du handicap, des catégories socioprofessionnelles, de l'origine ou de la couleur de peau si vous préférez. Une fois encore, l'Arcom vérifie la réalisation de ces objectifs, ce qui me paraît une bonne chose. Il est important de représenter la société dans toute sa diversité.
Vous avez également évoqué les programmes jeunesse. Nous avons beaucoup investi sur la marque Okoo, qui se décline sur nos antennes, mais aussi sur une application et un site. Okoo est aujourd'hui la première application gratuite des 4-14 ans, ce dont nous sommes assez fiers. Par ailleurs, nous travaillons avec le ministère de l'éducation nationale sur des programmes éducatifs à destination des élèves, des collégiens, des lycéens et des professeurs. Ainsi, Lumni est une plateforme commune avec l'INA et l'ensemble de l'audiovisuel public. Nous avons lancé en outre un Tour de France des académies pour travailler auprès des professeurs à l'éducation aux médias et à la lutte contre la désinformation. Nous sommes déjà allés à Amiens, en Guyane, à Marseille et à Rennes. Le prochain déplacement aura ainsi lieu à Poitiers. Naturellement, nous allons amplifier cette éducation aux médias.
Ensuite, nous n'avons pas particulièrement externalisé la réalisation de programmes. Des programmes sont confiés à des producteurs, mais l'information est réalisée en interne. Cet équilibre n'a pas changé. Nous avons plutôt développé les moyens internes de fabrication, puisque le site de Vendargues réalise avec les moyens internes de fabrication de la maison, appelés La Fabrique, un feuilleton quotidien. Forts de cette expérience en écoproduction et en effets spéciaux, nous avons candidaté au plan France 2030 et avons pu proposer un plan d'élargissement de ces studios. Dans le domaine de la formation, nous travaillons avec les écoles de Montpellier et avec le rectorat. Vous avez raison : nous avons besoin de compétences variées. Nous allons continuer à le faire, notamment en compagnie de l'INA, spécialiste de la formation sur ce projet, qui se propose de nous rejoindre.
Vous m'avez ensuite interrogé sur Nice et Antibes. Je suis consciente que les déménagements sont très compliqués et je comprends les difficultés que cela suscite. Cependant, le site d'Antibes est en zone inondable et a d'ailleurs été déjà inondé à deux reprises. Je m'y suis d'ailleurs rendue à chaque fois et je vous avoue que j'ai eu peur. Je suis responsable de la santé et la sécurité des salariés. Monsieur le député, vous ne pouvez donc pas me demander de laisser en zone inondable un site qui a déjà été inondé deux fois.
Les horaires de prime time sont effectivement de plus en plus tardifs. Lorsque nous avions arrêté la publicité après 20 heures, nous avions pensé pouvoir débuter les programmes à 20 heures 30. Nous avons essayé, mais cela n'a pas du tout fonctionné. Mais il est exact que les heures de prime sont tardives. Cela ne constitue pas une réponse suffisante, mais sachez que depuis plusieurs années, nous mettons à disposition dès 6 heures du matin sur la plateforme france.tv les programmes du soir. Vous pouvez donc regarder un programme du soir à n'importe quel moment de la journée. Évidemment, le visionnage sur la plateforme est en forte hausse et prendra le pas, à terme. Certes, cela ne règle pas le problème pour ceux qui n'ont que la TNT, et qui n'ont pas accès à la plateforme France.tv. Ils sont encore nombreux, environ 20 % de nos téléspectateurs.
Par ailleurs, vous soulevez le sujet du temps d'écran. Je ne connais pas un parent qui ne se préoccupe du temps que son enfant passe devant les écrans, quels qu'ils soient. Cela devient une véritable problématique de santé publique. Nous ne devons pas y être indifférents et au contraire nous demander comment faire en sorte que le temps de visionnage de France Télévisions soit utile, sans y passer notre vie. En tant que service public, nous voulons être pertinents. Je constate d'ailleurs que ce débat est en train de croître au sein de la société.