J'aimerais saisir le moment de cette audition pour aborder un sujet qui nous a beaucoup mobilisés ces derniers mois : le financement de l'audiovisuel public à la suite de la suppression rapide et bancale de la contribution à l'audiovisuel public. Plus que jamais, il nous faut des médias publics forts, indépendants, accessibles à un large public, notamment les plus jeunes qui s'informent principalement par Internet avec son lot de dangers.
Par ailleurs, les Français s'informent de plus en plus sur les réseaux sociaux, où, nous le savons, s'opère une tendance à l'effacement des sources d'information et prospèrent les infox. Ainsi, 70 % des jeunes adhéreraient aux fake news et plus d'un tiers de la population française déclare croire aux théories du complot.
Notre audiovisuel public est une réponse à ces constats puisqu'il est garant d'une information de qualité, fiable, capable de contrebalancer la désinformation et de dépassionner des sujets majeurs pour l'avenir de notre pays. Il doit être non seulement soutenu mais renforcé. Ni la suppression de la contribution à l'audiovisuel public qui fragilise nos médias publics, ni la récente mission parlementaire sur le financement de l'audiovisuel public, n'ont eu la clairvoyance de considérer son indispensable rôle.
Il semble plus urgent de faire des économies en conservant la solution instable de la TVA, en supprimant la publicité sans ressources compensatoires fiables, ou en proposant de créer une holding. Mais une réforme instable est un luxe qui n'est pas permis au regard des enjeux actuels.
Comme vous l'aviez souligné au Sénat, Madame la Présidente, le budget de l'audiovisuel public est par ailleurs bien en deçà de celui de nos voisins européens : 3,8 milliards d'euros pour la France contre 5 milliards en Grande Bretagne et 7 en Allemagne. Pourtant, des structures comme France Télévisions remplissent un vrai rôle pour valoriser les productions françaises, diffuser des contenus documentaires et accompagner les enseignants dans l'éducation aux médias. Il s'agit là d'actions indispensables pour notre démocratie et la sincérité du traitement de l'information. Un financement approprié est garant de la pérennité de ces services et du maintien de l'audience qui en bénéficient.
En ces temps inquiétants de progression du journalisme d'opinion, de concentration de médias à des fins idéologiques, de nouvelles sources d'informations opaques sur les réseaux sociaux, il est très mal venu d'affaiblir notre audiovisuel public. La suppression de la contribution à l'audiovisuel public a engendré de légitimes inquiétudes pour son avenir, des dépenses nouvelles pour les structures comme celles liées à l'assujettissement à la taxe sur les salaires, une perte de visibilité financière, après 2024. Cette réforme a des incidences économiques. Quelles en sont les conséquences pour France Télévisions ? Plus largement, décelez-vous de nouvelles contraintes engendrées par les différentes décisions du gouvernement concernant l'audiovisuel public ?