Si l'on parle de révolution industrielle et de transformation profonde, il y aura de lourdes implications sur les politiques publiques, et en particulier les politiques fiscales. Il importe donc de s'interroger sur ce que peut être la bonne fiscalité dans une économie décarbonée. Cette réflexion s'applique à la France mais aussi à d'autres pays.
Même si l'accord de Paris ne retient pas cette notion, notre rapport insiste également sur le budget carbone, c'est-à-dire le montant total des émissions que l'on s'autorise d'ici la décarbonation complète. Raisonner en termes de budget carbone évite ainsi la tentation de repousser dans le temps, mais oblige à l'inverse de se fixer des objectifs intermédiaires. En résumé, si nous visons la limitation des températures, la notion correspondante en matière de réduction des émissions est celle de budget carbone.
S'agissant du risque de configuration inflationniste, un certain nombre d'éléments nous laissent penser que l'environnement des années futures sera différent de celui que nous avons connu lors des vingt dernières années, où nous nous battions pour créer de l'inflation. Nous allons connaître une volatilité certaine, puisqu'un grand nombre de pays vont se tourner vers les énergies renouvelables et les matériaux critiques. Quelles que soient les perspectives, les désajustements entre l'offre et la demande seront très marqués. D'un point de vue interne, les investissements supplémentaires ne seront pas compensés par des capacités de production équivalentes. La configuration sera donc inflationniste.
Les banques centrales doivent donc réfléchir à la manière dont elles vont y répondre. Elles doivent préserver les acquis de la stabilité des prix et se comporter de façon responsable. Simultanément, elles sont contraintes de s'interroger sur la manière d'adapter leur stratégie. Je pense notamment au relèvement de la cible d'inflation, dans ce contexte de grande instabilité et d'évolution importante des prix.
S'agissant de la tarification duale de l'énergie, la réflexion consiste à dire que les ménages auront un quantum d'énergie à prix administré et qu'à la marge, ils paieront le prix du marché. Une réflexion poussée a déjà débuté en Allemagne et il convient à notre tour de nous y plonger, dans le cadre de la sortie du bouclier tarifaire. À la marge, l'incitation à économiser de l'énergie et à émettre moins doit être très présente. Nous sommes des individus rationnels. Il ne faut donc pas négliger ces pistes, quelles que soient les inévitables difficultés techniques.