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Intervention de Jérémie Patrier-Leitus

Réunion du mardi 4 juillet 2023 à 17h50
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérémie Patrier-Leitus :

Au nom du groupe Horizons, je vous remercie à mon tour pour votre analyse à l'heure où notre pays connaît des émeutes et des violences insupportables et que les outils numériques ont joué un rôle important qu'il nous faudra prendre le temps d'analyser précisément.

Malgré la prise de conscience de l'ampleur des dérives des réseaux sociaux et des plateformes, le constat est clair : nous n'avons pas abouti à un cadre légal et réglementaire suffisant. Nous en sommes très loin. Comment ne pas craindre d'avoir atteint le point de non-retour en constatant le rôle de Snapchat et de Tiktok dans les violences sans précédent de ces derniers jours ? Nous avons tous vu les vidéos postées par de tout jeunes adolescents hilares participant aux émeutes. Nous ne pouvons plus ignorer que les réseaux sociaux sont en partie à l'origine de l'effet d'entraînement et de mimétisme dans la violence, de la coordination entre les casseurs et de la déréalisation des exactions.

Comme Thierry Breton, commissaire européen en charge du numérique, l'a rappelé ce matin, les réseaux sociaux ne doivent pas amplifier les contenus haineux. Après des débuts sans doute trop utopiques où nous nous sommes contentés de voir dans le numérique un puissant outil de partage, d'intelligence collective voire de révolte populaire démocratique, nous avons découvert la face plus sombre du numérique et des réseaux sociaux : troubles de l'attention et de l'apprentissage, désinformation à grande échelle, circulation virale de discours de haine ou autres contenus problématiques, polarisation de l'information, absence de distance critique, addiction aux écrans, risques pour la santé mentale des plus jeunes. Voilà un sombre tableau qui nous oblige à repenser profondément notre rapport au numérique si nous ne voulons pas devenir cette civilisation du poisson rouge que décrivait en 2019 le président d'Arte, Bruno Patino.

Si la presse est le quatrième pouvoir, les réseaux sociaux et les plateformes numériques sont aujourd'hui le premier pouvoir de notre société. Nous ne pouvons l'accepter. Nous ne pouvons accepter qu'une dizaine d'algorithmes dicte les contenus qui méritent de retenir notre attention et fasse le tri pour nous. Les plateformes ont leurs propres règles, leurs propres intérêts, et remettent en cause notre règle commune : l'intérêt général.

Il y a urgence à agir et l'éducation aux médias mérite du temps long pour faire effet. Comment pouvons-nous accélérer la régulation des acteurs du numérique et de quels moyens disposons-nous pour mettre en place cette limitation ?

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