Intervention de Inaki Echaniz

Réunion du mardi 4 juillet 2023 à 17h50
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaInaki Echaniz :

En 2018, une étude menée par Médiamétrie sur le comportement des jeunes en matière d'information nous apprenait notamment que 71 % des 15-34 ans utilisent les réseaux sociaux pour s'informer et que 69 % consultent l'actualité quotidiennement sur leur smartphone. Si les médias traditionnels répondent tant bien que mal à une demande croissante d'immédiateté de l'information en se développant sur les réseaux sociaux et en multipliant les dispositifs de « live », force est de constater qu'ils ne représentent pas la seule source d'information sur Internet et que les utilisateurs ont accès à une multitude de canaux, parfois propices à générer des « fake news ».

Dans la jungle des réseaux sociaux, on observe d'ailleurs une tendance à l'effacement des sources au profit de l'information : suppression des macarons certifiants sur Twitter, propagation de contenus vidéo sans légende, etc.

La barrière entre l'information énoncée et celle vérifiée puis publiée est ainsi de plus en plus floue. L'exposition aux fausses informations et aux informations virales exagérées ou tronquées dans un système libre dont l'objectif est de générer de l'engagement est préoccupante. Une enquête Ifop révélait en 2022 que près de 70 % des jeunes entre 18 et 24 ans adhéraient aux « fake news ».

Les réseaux sociaux obéissent aussi à des logiques algorithmiques pour générer des réactions et de la satisfaction chez les utilisateurs. Ainsi, ils ont tendance à les enfermer dans des bulles cognitives qui confortent des schémas de pensée et limitent l'accès à une information différenciée nécessaire à l'esprit critique. Les événements récents nous ont prouvé à quel point les jeunes utilisaient les réseaux sociaux pour s'informer, pour produire de l'information et pour réagir très rapidement à une actualité. S'il n'est pas pertinent d'interdire les réseaux sociaux, il faut toutefois mieux les encadrer, à l'heure où l'intelligence artificielle se développe au profit de l'orientation des contenus et de la naissance d'infox. Trois plateformes numériques concentrent l'attention d'une majorité des internautes en définissant leurs propres règles de diffusion et de restriction.

Il est indispensable de valoriser les sources d'information fiables et de réfléchir à des règles pour encourager plus largement la diffusion égalitaire d'une information riche et qualitative. Parallèlement, l'éducation aux médias et au numérique des jeunes générations, confrontées de plus en plus tôt à ce type d'informations, est importante pour les responsabiliser et leur donner des clefs d'analyse. Pour accompagner ce travail, il est nécessaire de définir un cadre. Ainsi, ma question est la suivante : qu'est-ce qu'une bonne information dans une société de liberté d'expression ? Par ailleurs, des pratiques innovantes et inspirantes ont-elles été mises en place chez nos voisins européens en la matière ? Je vous remercie pour les suites que vous proposez de donner à la « loi Bloche », qui m'intéressent en tant que co-rapporteur sur l'évaluation de cette loi.

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