Ma question s'adresse principalement à Mme Sonnac. J'ai mené il y a quelques mois, avec ma collègue qui vient de s'exprimer, une mission flash sur l'éducation critique aux médias dans laquelle nous avons formulé dix propositions afin d'améliorer l'éducation aux médias sur l'ensemble du territoire. Il est apparu que l'information et l'éducation étaient fortement confrontées, à l'ère du numérique, à la désinformation sur les réseaux sociaux. Les jeunes se retrouvent souvent dans une posture passive face à une information qu'ils ne recherchent plus, ils consomment du contenu déjà filtré par des algorithmes sur des plateformes de communication telles que Snapchat ou Tiktok. Ils consomment ainsi des contenus parfois mensongers ou complotistes.
Les enseignants sont de plus en plus confrontés aux doutes des élèves quant à l'existence de faits historiques avérés ou de faits d'actualités vérifiables, comme en témoigne la remise en cause de la théorie de l'évolution, de la Shoah et plus récemment des attentats contre Charlie Hebdo. Le journaliste Damien Fleurot nous rappelait, lors des auditions, que selon certains, cet attentat avait été fomenté par l'État français. Il nous racontait que les professeurs ne pouvaient pas aborder le sujet sans provoquer un tollé dans leur classe. La question des sources des informations est et reste donc centrale, mais la tentation du « pas de vagues » au sein de l'Éducation nationale est toujours prégnante. Beaucoup ont encore en tête le drame de l'assassinat de Samuel Paty et sont obligés de s'infliger une véritablement autocensure les forçant trop souvent à renoncer à leur liberté pédagogique.
Face à cela, il est indispensable de mettre en place une réelle éducation aux médias au sein des cursus scolaires, comme nous l'avions demandé dans notre rapport. Selon vous, comment mettre en place une éducation aux médias qui permette de lutter contre la désinformation susceptible d'être véhiculée par les réseaux sociaux et comment préserver la liberté pédagogique des enseignants ?