Sans eau, Mayotte est invivable. Nous, Mahorais, refusons de nous habituer à l'inacceptable. Nous payons nos impôts. Nous payons cher une eau qui n'est pas distribuée. Nous avons payé une usine de dessalement qui ne fonctionne pas. Notre argent ne s'évapore pas pour tout le monde. Ni les entreprises qui s'engraissent sur cette crise ni les élus qui ont alimenté cette catastrophe ne sont inquiétés.
La calamité qui frappe Mayotte n'est pas naturelle. Non, ce n'est pas la seule sécheresse qui nous accable mais bien la calamité gouvernementale qui assèche nos robinets. Le Gouvernement parle de sécheresse historique pour masquer son inertie mais refuse de déclarer l'état de catastrophe naturelle qui permettrait à nos agriculteurs d'y faire face et de garantir notre sécurité alimentaire. Il donne des citernes à nos écoles mais pas de pompes. Il refuse d'écouter les élus locaux et construit des fontaines et des rampes d'eau gratuite pour les bidonvilles de clandestins à côté des foyers mahorais qui paient des factures pour des robinets qui tournent à vide.
Nous savons que certaines de ces rampes d'eau alimentent l'agriculture illégale sur des terrains volés et que ces bornes d'eau qui coulent à flots constituent une provocation qui lancera la guerre de l'eau à Mayotte. Les violences éclateront et la révolte sera justifiée.
Mayotte a besoin d'un Wuambushu pour l'eau : distribution massive et gratuite de packs d'eau pour les familles avec un pont aérien, mise à disposition de citernes et de pompes gratuites afin de recueillir l'eau de pluie pour chaque foyer et pour nos agriculteurs, effacement des factures d'eau pendant les coupures, des mesures pour la pollution plastique des bouteilles et une réflexion plus sérieuse sur le positionnement des usines de dessalement – car il ne sert à rien de pomper du sable, c'est de l'argent public jeté par les fenêtres.
Nous, vos compatriotes de Mayotte, mourrons de soif dans l'indifférence générale. Celles et ceux se permettent de nous donner des leçons d'humanité sont bien silencieux aujourd'hui. Là-bas, des Français ont soif, vont chercher de l'eau avec des seaux et paient des factures d'eau pour des robinets vides. Et rien ne bouge.