On avance à tout petits pas mais on avance quand même. Il y a six ou sept ans, pour les amis du président Macron, il y avait deux gros mots : « souveraineté » et « planification ». C'étaient deux vilains mots qu'il était très mal vu d'employer. À cette époque, M. Guillaume Kasbarian et moi étions les rapporteurs d'une commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, et en particulier sur les ventes d'Alstom, d'Alcatel, de Technip et de Lafarge. Désormais, le mot « souveraineté » est employé – je ne sais pas s'il correspond à des réalisations effectives – et un degré minimum de planification est, à l'évidence, nécessaire.
La planification est nécessaire parce qu'il y a des choix technologiques sur lesquels il est important de s'interroger régulièrement. Prenons un exemple : nous allons condamner 100 000 emplois dans la filière du moteur thermique sans être certains d'avoir résolu tous les problèmes que pose la production des batteries, notamment celui de la dépendance quasi exclusive à la Chine pour l'approvisionnement en terres rares dont on a besoin pour fabriquer ces batteries électriques.
Sur l'énergie, nous devons nous interroger sur l'éolien et le photovoltaïque dont vous ne parlez quasiment pas et sur lequel nous n'avançons pas, alors que nous avons, avec le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et l'Institut national de l'énergie solaire (Ines), de formidables capacités.
Les Pays-Bas avancent plus vite que nous sur l'énergie éolienne alors que c'est nous qui avons les brevets grâce à l'Ines et au CEA.
Il faut s'interroger régulièrement sur tous ces sujets, d'autant qu'il y a beaucoup d'argent public derrière tout cela. Actuellement, une partie de nos aides à l'automobile électrique bénéficient à l'industrie chinoise !
En outre, on engage des milliards par petits bouts, sans aucune visibilité d'ensemble, dans France 2030 ou dans le plan de relance. Nous avons donc besoin de débats parlementaires. Si cela n'est pas inscrit dans le projet de loi, vous pouvez vous y engager, monsieur le ministre. La réindustrialisation de la France et l'industrie décarbonée méritent un débat devant le Parlement.
Je retire donc l'amendement n° 22 au profit de l'amendement n° 463 de Mme Bonnivard qui a reçu l'avis favorable du rapporteur général.