Prenons l'exemple de Suez, qui veut nous vendre des systèmes permettant la réutilisation des eaux usées. Le cas du fleuve Charente, qui passe par cinq départements, est édifiant : si, en amont, un département ou une collectivité décide d'installer une industrie de réutilisation des eaux usées pour irriguer sans prélever, au nom de la préservation de la ressource, c'est en fait une fausse bonne idée. En effet, cela compromettra l'étiage en aval et l'accès à l'eau potable en Charente-Maritime, car les eaux usées servent à la régulation du débit de ce fleuve. La gestion de l'eau doit être au cœur de l'aménagement du territoire ; elle doit conditionner les choix industriels, et sa priorité doit être la souveraineté alimentaire. Définissez votre « industrie verte » ou assumez de faire du greenwashing.
Ce qui est vrai pour les usages de l'eau l'est aussi pour ce qui est de sa qualité entre l'amont et l'aval car polluer en amont signifie qu'il faut équiper pour dépolluer en aval. L'État doit définir le cadre de ce qui est tolérable. Pour nous, ce doit être le principe zéro pollution : c'est mieux pour l'écosystème et cela coûte moins cher aux usagers.
Pour être cohérent et efficace, votre projet de loi doit planifier la bifurcation écologique de l'industrie et donc de nos entreprises. Vous ne pouvez pas faire l'économie d'une véritable vision de la France dans les cinq, dix et quinze ans qui viennent ; il est temps de donner un cap en la matière, en faisant des choix opérationnels compatibles et cohérents. Planifier, c'est redonner sa grandeur à la France.