Je suis fils de chaudronnier soudeur, et j'en suis plutôt fier. À ce chaudronnier soudeur on a dit, dans les années 1970, que son métier était dépassé. C'est la période où l'on a laminé toute la sidérurgie française ; c'est ainsi que l'on a sacrifié des territoires, des usines et les familles qui allaient avec.
Or, trente ans plus tard, on réfléchit à l'implantation d'un EPR, un réacteur pressurisé européen, à Penly, et on constate qu'il n'y a plus de soudeurs ni de chaudronniers, que l'on peine à trouver des robinetiers. D'après les besoins identifiés par la filière nucléaire, il est nécessaire de former et de recruter 100 000 ouvriers qualifiés.
Si l'on ajoute à cela les besoins de l'ensemble des filières industrielles, lesquelles sont confrontées à deux défis endogènes majeurs : développer l'offre de formation et l'adapter aux besoins futurs, mais aussi rendre ces filières attractives en proposant des métiers reconnus et valorisés, y compris par le salaire – « Ça passe par la tiquette », comme disait mon père –, on mesure à quel point l'enjeu de la formation est consubstantiel à ce renouveau industriel souhaitable, au made in France nécessaire et à la volonté réaffirmée de recouvrer tout un pan de notre industrie que l'on avait laissé délocaliser ailleurs.
C'est le sens de cet amendement. Il n'y aura pas de planification efficace si l'on n'intègre pas les besoins de formation, filière par filière, avec une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences globale, intégrée et territorialisée.