La Caisse nationale d'assurance maladie a révélé une augmentation de 18 % du nombre de cancers pédiatriques entre 2003 et 2019. L'augmentation du nombre de cancers chez les enfants prouve que l'argument d'un tabagisme et d'une alcoolémie supérieurs dans les zones industrielles ne suffit pas à expliquer pourquoi la mortalité y est plus élevée qu'à l'échelle nationale. Nous manquons d'études et de connaissances – c'est l'avis partagé des médecins et des scientifiques –, mais rien n'est fait pour y remédier dans le projet de loi, lequel ne prévoit pas de dépistage massif. Pire : l'ARS – agence régionale de santé – Normandie, face à un cluster de leucémies d'enfants à Igoville et Pont-de-l'Arche, a répondu que c'était la faute à pas de chance.
Les hommes vivant en Seine-Maritime sont 37 % plus touchés par des cancers du larynx et de la bouche. Le nombre de cancers du poumon, de la plèvre, de la vessie et de leucémies aiguës est significativement plus élevé chez les hommes vivant à proximité de l'étang de Berre, la seconde zone industrielle du pays : le risque d'être hospitalisé pour une leucémie y est 2,5 fois plus élevé. Durant ma campagne, je me suis rendue à l'étang de Berre, à Fos-sur-Mer, et j'y ai rencontré un ancien ouvrier qui travaillait dans une usine de cokéfaction : il m'a dit que, depuis son départ à la retraite en 2008, quatre-vingts de ses collègues étaient morts d'un cancer.